En 1991, Jonathan Demme signe ce thriller psychologique culte, qui marque le face à face ambigu entre l'agent Clarice Sterling (Jodie Foster) et le sociopathe Hannibal Lecter (Anthony Hopkins), obtenant cette année-là les 5 Oscars les plus prestigieux.
Quel regard peut-on porter sur cette œuvre une trentaine d'années plus tard, à l'heure où les séries policières tels que "CSI" ou "Criminal Minds" ont envahi le terrain? Le problème n'est pas que le film ait mal vieilli, mais que la production actuelle ait complètement banalisé ce type d'histoires.
"Le silence des agneaux" faisait preuve en tout cas à sa sortie d'une modernité incontestable, prototype d'un genre qui allait se développer à grande échelle. De plus, le film se distingue par sa dimension psychanalytique et par un certain cynisme (cf la scène finale).
On pourra également souligner l'aspect féministe du métrage, à travers le chemin semé d'obstacles parcouru par l'héroïne, seule face à la meute (de ses adversaires mais aussi de ses collègues).
D'autre part, certaines séquences sont de belles trouvailles de mise en scène (l'évasion de Lecter, le jeu sur les portes qui s'ouvrent simultanément...).
En revanche, les rares scènes d'action se révèlent décevantes, à l'image du dénouement dans la maison de Buffalo Bill, qui traîne en longueur, forme d'héritage évitable de la décennie précédente.