Hurlons sous la pluie

C'était le temps des films qu'on laissait réaliser à des types qui avaient l'amour du métier chevillé au corps (ici, John Landis qui scénarise et réalise).

C'était le temps où les artisans aux manettes des effets spéciaux vous bricolaient avec du latex, des pistons et du système D au niveau du son et du montage, des séquences comme cette spectaculaire, douloureuse et turgescente transformation homme-loup qui - on peut l'affirmer sans trembler du museau - est restée dans les annales du cinéma fantastique.


Le voyage de deux jeunes américains du "Nouveau Monde" dans les highlands de la "vieille Europe" prend une tournure cauchemardesque : après que l'un d'eux ait été méchamment boulotté par une créature indistincte, le survivant entraîne avec lui jusqu'au sein de la métropole londonienne, une terreur ancestrale sous la forme d'un lycanthrope glouton et d'un zombi volubile (et accessoirement putréfié). La trame et le thème ne sont pas super-innovants, mais le film met efficacement en image l'irruption de la liberté sauvage et animale en plein coeur d'une civilisation où l'individu est domestiqué.


Réalisé en 1981, à cheval entre deux décennies, c'est une relecture contemporaine du film de loup-garou, qui s'autorise un salutaire mélange comico-grotesque et désamorçe le gore, sans jamais parodier le genre. Sa facture résulte du croisement entre un certain cinéma cru et permissif des '70s et le visuel bling-bling et l'approche goguenarde des '80s.


Les fans d'horreur à la manière des comics US (genre "Creepshow" ou "Contes de la crypte") se régalent ; le jeune spectateur curieux sera bien avisé d'enrichir sa filmographie avec un jalon des classiques cultes. Le complétiste quant à lui, visionnera "Hurlements" dans la foulée, l'autre film de loup-garou réalisé la même année, où les concepteurs d'effets spéciaux se livraient à une course à l'excellence, pour le plus grand plaisir des spectateurs.

Peu de temps après, Michael Jackson fera appel à ces équipes pour le transformer en loup-garou dans le clip "Thriller"... (mais ceci est une autre histoire).


A voir pour : la très cinégénique séquence de poursuite dans le métro (sans effets spéciaux mais efficace) ; la première séquence de transformation (c'est une lapalissade de la citer) ; Jenny Agutter = Miam ; les courtes séquences de cauchemar, très "US comics".

8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films d'horreur des années 1980

Créée

le 7 mars 2025

Critique lue 7 fois

1 j'aime

Sycorax

Écrit par

Critique lue 7 fois

1

D'autres avis sur Le Loup-garou de Londres

Le Loup-garou de Londres
10

Du rosbif au dessert.

Faire peur est un exercice extrêmement difficile. Faire rire tout autant, voire plus. Mélanger ensemble ces deux données est encore plus périlleux. Pourtant, ce grand fou de John Landis, le trublion...

Par

le 16 août 2016

38 j'aime

4

Dark pride of the moon

Avec le temps, les films à effets spéciaux se parent d’une patine à la saveur singulière. On peut aujourd’hui savourer ce film de John Landis comme on le ferait avec le stop motion du King Kong...

le 7 févr. 2019

33 j'aime

3

Le Loup-garou de Londres
10

oh qu'il est beau mon gros velu mais un poil nerveux quand meme

Bonjour et bienvenue sur ma critique du loup garou de londres, le premier film d'horreur avec un film érotique en prime et franchement j'ai pleuré en y repensant, une petite larme, l'émotion car en y...

Par

le 24 janv. 2021

32 j'aime

13

Du même critique

s

L'erreur de Farmer

A moins d'être un cinéphile stakhanoviste, tout a été oublié de ce film : son existence, celle de la starlette éponyme et aussi l'actrice qui l'interprète avec une puissance rare.La réédition en...

Par

le 20 mars 2025

4 j'aime

4

Deux hommes, dont un aigrefin

Subtile allégorie de la lutte des classes à travers un récit à huis-clos où les protagonistes s'adonnent à des jeux de pouvoir et de domination morbides et destructeurs.Tous les artefacts de la mise...

Par

le 6 mai 2025

3 j'aime

L'amie (la mie) mortelle... la croûte empoisonnée

L'Art permet de tout exprimer via le prisme d'une forme qui possède des codes is par celles et ceux qui les maîtrisent ou du moins, savent en apprécier les manifestations.Ce roman qui se présente...

Par

le 3 mars 2025

3 j'aime