Tout commence par une volonté de sauvetage. Donald est certes à la tête d'une entreprise, mais celle-ci vivote alors qu'il végète dans les salons nautiques, où il peine à vendre ses inventions. Il semble brillant. Mais en décalage avec les réalités de la vraie vie, celle qui l'a conduit à fonder une famille.
Tout commence par ce rêve, peut être le dernier qu'il pourra mener à bien avant que sa famille ne le ramène pour toujours à la réalité du quotidien qui entrave ceux qui aspirent à la grande aventure au large.
Il en dessine donc les plans, de son bel oiseau blanc, pour participer à la première course en solitaire sans escale. Il se rêve déjà l'égal des grands noms de la navigations. Il rêve déjà au prize money qui renflouera ses finances.
Les premières déconvenues arrivent cependant bien vite. Les avenants contractuels le dépossèdent un peu plus de ses biens, tandis que la fabrication du bateau retarde et ne répond pas à ses attentes. Et puis cette peur, qui naît et qui grandit. Parce que les premières vingt minutes de ce Jour de mon Retour ont déjà construit méthodiquement l'isolement de Donald, qui a même aidé à ériger chaque mur qui ne fera que se rapprocher de lui.
Il met le pied sur le bateau, enfin. Trop tard, serait-on tenté de penser. car on devine qu'aucun retour ne sera possible et que Donald a fait le premier pas d'une fuite en avant. Et le rêve un peu fou, la voile des illusions de faire place à une lente débâcle. Sans retour elle aussi.
Donald paie ses aspirations et son impréparation au prix fort. Sans pour autant se résigner à faire demi-tour. Il transformera donc son trimaran en vaisseau fantôme, fantasmant une course incroyable de vitesse alors que finalement, il ne fait que du surplace. Le mensonge enfle. Jusqu'à en devenir ingérable. Sa belle histoire fait la une. Mais comment faire face à sa propre supercherie ?
Donald sombre peu à peu. Il ne se résout pas à l'échec. Ou plutôt si, il ne le connaît que trop bien. Mais il est incapable de faire face à tout ce qu'il a promis, à tout ce qu'il a fabriqué. Il imprime sa légende, aussi dérisoire que poignante de ce qu'elle dit de son protagoniste. Et de son environnement immédiat. Car s'il s'est lui même embarqué dans ce périple, s'il s'est lui-même condamné, les médias, sponsors, mécènes et autres "bonnes volontés" l'ont acculé, l'ont poussé une dernière fois dans le dos alors que ses pieds foulaient le vide. C'est la pression, tout autant que ses illusions, qui ont concouru à ce que l'aventure tourne court.
Le Jour de mon Retour commence et se termine avec tout cela, dans un classicisme des plus scolaires, mais avec la volonté de rester simple et pudique. En explorant les contradictions irriguant le jeu du toujours impeccable Colin Firth. On se prend à le plaindre, à espérer qu'il échappe à son funeste destin. Tandis que sa cabine reflète la lente dégradation de sa psyché et son impuissance.
Le Jour de mon Retour est animé aussi, de ces rêves fous qui font que nous sommes toujours vivant afin de les réaliser. Un jour. Pour le meilleur et pour le pire.
Behind_the_Mask, bateau qui rate.