Devant ce film, tu Banderas.

En regardant Le 13ème Guerrier, j'ai pris mon pied. D'abord parce que c'est un film redoutablement efficace, qui échappe aux fioritures habituelles de sa catégorie : pas d'histoire d'amour futile ou de scène charnelle, tout juste suggérée. Pas d'égarements scénaristiques.
Du début à la fin, McTiernan maîtrise et va à l’essentiel.

Des films comme ça, je voudrais qu'il en existe plus. Car c'est devant Le 13ème Guerrier que j'ai retrouvé le plaisir éprouvé avec un bon vieux Braveheart, ou encore avec la série Vikings. Car comment ne pas amalgamer ?
À l'instar du rôle du moine de cette (géniale) série de Michael Hirst, Ahmed Ibn Fahdlan, "l'arabe", nous sert d'élément identificateur pour découvrir les vikings et éprouver de l'affection pour eux, jusqu'à -comme le personnage- les voir comme des frères; et leur offrir un point de vue différent du leur, élargissant ainsi leurs capacités.

Un autre point commun avec Vikings: le film flirte avec le fantastique sans jamais y toucher, les coutumes anciennes et les mythes y prennent une telle place que l'ambiance s'en imprègne.

Si l'on voit d'abord les vikings comme des barbares, leurs ennemis, alliant la cruauté de l'humain et le férocité sauvage de l'animal, nous font changer d'avis. L'empathie du spectateur est dirigée, et il est bon de se sentir peu à peu proche d'un peuple si lointain.

C'est très bien filmé, les cadrages et les travellings dans les terres nordiques et brumeuses raviront les esthètes. Et surtout, il y a ce côté organique, vivant, naturel. Notamment, une bataille nocturne filmée à la seule lumière des torches, tout comme les excellentes scènes dans les grottes. C'est artisanal et soigné, c'est magnifique. À mon sens, c'est ce que Le Seigneur des Anneaux a, et que Le Hobbit n'a pas, visuellement.
Ici, c'est rugueux, ça sue, les lueurs du feu éclatent sur la roche que l'eau fracasse.

Des acteurs aux petits oignons, tous avec la gueule de l'emploi; ils en imposent, les nordiques, avec leur gueules balafrées, leur masse corporelle et autres tatouages. Leur improbable allié a l'air d'un gringalet à côté, et ils ne manquent pas de s'en am.

Le tout sublimé par des pointes d'humour jamais lourdes, de l'amitié virile qui reste subtile, pétillant dans de beaux décors et des costumes qui font réver.

McTiernan prouve avec ce film toute l'ampleur de son talent, nous faisant regretter de ne pas pouvoir connaître sa mystérieuse director's cut, perdue quelque part; donnant à l’œuvre un statut légendaire similaire à son contenu: car dans Le 13ème Guerrier se trouve le mythe revisité de Beowulf, comme le souligne le roi concerné (protagoniste de l'histoire, contrairement à ce qu'Antonio Banderas en tête d'affiche suggère).

C'est selon moi cet ensemble bien dosé qui confère à l’œuvre son cachet unique.

Bien sûr, c'est un coup de cœur personnel et il y a des défauts. Ahmed qui apprend à parler la langue de ses nouveaux amis en un soir, par exemple. Même en ettant qu'il connaisse les racines étymologiques et qu'il soit très intelligent, il est impossible de tout comprendre aussi vite, et encore moins de le parler. Une facilité dont on comprends l'utilité scénaristique, mais qui n'en est pas moins ridicule.

Pourtant, aussi défectueux qu'il soit, tout s'efface derrière 2h00 d'aventure épique sans détours, aussi puissante qu'honnête, splendidement couronnée par la bravoure du roi, qui non content de trôner fièrement après l'ultime bataille, par delà la vie ou la mort, trône désormais sur le siège qu'il a gravé dans mon esprit.
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le 25 janv. 2015

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Veather

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