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Late Night with the Devil par Yoshii

Les sorties récentes de First Omen et Immaculate avaient déjà redonné un peu d'élan à la figure diabolique au cinéma que l'on constatait un peu moribonde*, un peu en retrait, réduite à se terrer dans des croyances qu'elle pouvait encore habiter ; bref l'expression "le diable est dans les détails" et nulle part ailleurs pourrait-on ajouter, n'a peut être jamais résonné avec autant d'à propos.

C'est probablement avec cette idée en tête que les Cairnes, Cameron et Colin (ce qui fait quand même beaucoup de "C"), frangins aussi et aussies, situent leur found-footage dans les années 1970, années présentées dans une scène d'ouverture -construite sous la forme d'un reportage-, comme des années de chaos (crise pétrolière guerre du Vietnam, Charles Manson) de violences ayant donné naissance aux croyances sataniques et à l'émergence d'une flopée de charlatans, gourous de sectes, prédicateurs et autres clairvoyants. Bref une époque bénie ou la terreur était reine, les frissons garantis et dans laquelle le cinéma d'horreur retournait les têtes.


Au cœur de ces vingt" glorieuse", le 04 Avril 1971 très exactement est diffusé le premier épisode d'un Talk Show, le "Night Owls", présenté par Jack Delroy, qui au fil du temps deviendra le second talk en audience dans le pays, puis se cassera peu à peu la gueule (g...), pardon la binette, après le décès de l'épouse et collaboratrice du célèbre présentateur.


L'enregistrement d'un épisode maudit diffusé le soir d'Halloween 1977, retrouvé donc (avec les scènes hors champ durant les publicités) constitue donc le "footage" de "Late night with the devil".

La reconstitution des plateaux télé de ces années là est très réussie, les couleurs psychédéliques des seventies, les coupes de cheveux, l'ambiance ,les sourires , les intonations propres aux blagues potaches des émissions racoleuses sont à l'avenant. Le métrage est un talk, d'abord sans enjeu, puis captivant, les scènes hors antenne, souvent plus tendues sont tournées en noir et blanc pour plus d'immersion, le présentateur est charmeur, irritant, bref tout est parfait.. Jusqu'à l'arrivée des premiers invités, un "medium" répondant au doux prénom de Cristou (cela ne s'invente pas), un conjurateur, hypnotiseur, Carmichael (deux "C "encore pour initiales) démystificateur de ce type de supercherie, Lily une gamine de 13 ans rescapée d'une secte satanique accompagnée de sa parapsychologue qui la prétend possédée par le démon Abraxas. L'atmosphère devient plus tendue au gré des interventions des uns et des quatres, tous ayant des gestes solennels des regards habités, inquiétants, le show réserve d'abord quelques séquences frissonnantes puis terrifiantes, toujours expliquées par le conjurateur, jusqu'à ce que...


Certes, l'horreur arrive assez tardivement dans le métrage, la première partie est une longue mise en en place, qui prend le temps d'exposer les personnages, de créer un climat propice, il n'est d'ailleurs pas anodin de constater que le film semble durer beaucoup plus que ses 90 minutes. Mais à la manière d'un James Wan dans "Conjuring", les frères Cairnes prennent le parti d'entrer dans une véritable démarche cinématographique, habile, n'axant pas tout leur propos sur le sursaut, la peur, démarche qui a probablement convaincu le jury du festival des hallucinations collectives de Lyon de leur décerner le grand prix.

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le 24 avr. 2024

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Yoshii

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