Dans la grande tradition de l'illustration russe, une forêt de bouleaux enneigée. En son sein le Mal, et... l'Amour qui peut tout.
À l'heure où la mémoire s'efface, où les nouvelles générations ignorent parfois tout de la Shoah, c'est à pas feutrés dans la neige que Michel Hazanavicius et Jean-Claude Grumberg choisissent d'évoquer l'inconcevable.
Le film nous tire par la manche avec une douce insistance pour nous dire de nous arrêter un peu et de nous retourner encore.
Regarder en arrière et nous rappeler ces millions d'ombres qui hantent les forêts de Pologne et l'Europe entière. Qu'elles ne soient pas effacées par la lumière des dizaines d'étés, ou recouvertes par la neige des hivers.
L'œuvre de mémoire prend ici les atours du conte, et peut-être pourra-t-elle ainsi toucher les plus jeunes.
Le conteur, c'est Jean-Louis Trintignant dont le timbre fragile et tendre nous enveloppe et suspend parfaitement notre incrédulité.
Les images ressemblent à des illustrations de Bilibine, peintre russe qui se spécialisa dans les contes, et dont la Baba Yaga et son isba aux pattes de poulet restent gravées dans l'imagination de tout enfant qui eut le bonheur de lire le terrible conte de la Belle Wassilissa.
La bûcheronne, le bûcheron et la gueule cassée sont des Héros au vrai sens du terme : de ceux qui accomplissent des actes véritablement héroïques, de ceux qui font honneur à l'humanité. De ceux qu'on nomme les Justes.
Les auteurs ont fait le choix de ne pas utiliser termes de "juifs" et de "Shoah".
Michel Hazanavicius s'en explique : "c’est une histoire qui a un écho universel et intemporel, et donc nous concerne un peu aujourd’hui."