La lumière de la liberté au bout du tunnel

La Grande Évasion, c’est la quintessence du cinéma hollywoodien. Un grand spectacle avec un casting prestigieux et mise en scène par John Sturges, qui avait fait étalage de sa capacité à diriger des stars avec Les 7 Mercenaires.


Durant la seconde guerre mondiale, un camp de prisonniers concentre des militaires venus de différents horizons, que ce soit des anglais, américains, écossais ou australiens, qui ont la particularité d’être des récidivistes de l’évasion.


Au premier abord, le ton est léger, par la grâce du désinvolte Virgil Hilts (Steve McQueen) avec son iconique gant et balle de baseball. Dès son arrivée, il tente de s’évader. Il en va de même de la part de Louis Sedgwick (James Coburn), Daniel Welinski (Charles Bronson) ou Archibald Ives (Angus Lennie). Ce dernier va devenir l’acolyte de Virgil, avec lequel, ils multiplient les tentatives d’évasion. Ils ont ça dans le sang. Surtout, le colonel Ramsay (James Donald) fait savoir au commandant Von Luger (Hannes Messemer), qui dirige le camp de prisonniers, que cela fait partie de leurs missions.


Pendant ce temps, Roger Bartlett (Richard Attenborough), sous le commandement du colonel Ramsay, prépare une évasion de grande ampleur, qui doit permettre à 250 prisonniers de retrouver la liberté.


Au fil du récit, le ton se montre plus dramatique. Les événements, à travers Archibald Ives, nous rappellent que nous sommes dans un camp de prisonniers et que la mort rôde en son sein. Le commandant Von Luger a beau faire preuve d’un certain respect pour ces hommes, il n’en demeure pas moins, que c’est un soldat allemand aux ordres du führer, même s’il n’en épouse pas les préceptes.


Chaque prisonnier à une fonction bien définie pour mener à bien cette évasion. Ils sont comme des fourmis, autour de la reine mère Roger Bartlett. Bob Hendley (James Garner), le chapardeur. Colin Blythe (Donald Pleasence), le faussaire. Louis Sedgwick, le matériel. Daniel Welinski, le roi du tunnel, etc. Ils font preuve d'ingéniosité pour cre des tunnels, sans oublier la fermentation d'alcool de pommes de terres, pour le moral des troupes, ainsi que d’abnégation et d’un sens du sacrifice pour mener à bout cette évasion, à travers ce tunnel, synonyme d'espoir et de liberté.


La Grande Évasion s’inspire du récit de Paul Brickhill, qui fût un des prisonniers de ce camp. Le film rend hommage à ces hommes, à leur dévouement et leur sens du devoir.


Pour La Grande Évasion, John Sturges retrouve trois des acteurs de Les 7 Mercenaires, Steve McQueen, Charles Bronson et James Coburn. C’est aussi la première fois que Steve McQueen est la vedette principale. D’ailleurs, il va profiter de ce statut pour imposer sa ion pour les cascades avec la fameuse scène à moto. Une ion qui trouve son apogée dans la légendaire course poursuite du Bullitt de Peter Yates.


Un grand film exige une grande composition musicale. Elmer Bernstein livre une partition en osmose avec l’énergie et ténacité dont font preuve ces hommes, dont une ritournelle entêtante et entraînante, indissociable de l'œuvre.


Grâce à ce film, on découvre aussi l’évolution de certains acteurs, au fil des décennies. Pour ma part, Richard Attenborough est un réalisateur, ainsi que le sympathique grand-père de Jurassic Park. En deux films, il livre des masterclass en tant qu’acteur dans La Grande Évasion puis L'Étrangleur de Rillington Place de Richard Fleischer, que je viens de découvrir récemment. Dorénavant, il n’est plus seulement le metteur en scène oscarisé pour Gandhi et d’Un Pont Trop Loin, Chorus Line ou Cry Freedom, mais un grand acteur britannique. Durant longtemps, Donald Pleasence était un acteur de films de genre. Rien de péjoratif, tant il excelle, comme devant la caméra du maître John Carpenter dans Halloween, New-York 1997 et Le Prince des Ténèbres. Il interprète un des personnages les plus touchants du film avec une insoupçonnable délicatesse. Enfin, Charles Bronson est Un Justicier dans la Ville de Michael Winner, le film qui a fait sa gloire. Pourtant, il impose aussi son visage buriné dans des grands films, tel Il était une Fois dans l’Ouest de Sergio Leone avec son légendaire harmonica et Les Douze Salopards de Robert Aldrich, en plus des deux œuvres de John Sturges.


La Grande Evasion est un film de l’enfance, de ceux qui étaient diffusés sur les chaînes hertziennes lors des vacances scolaires et des jours fériés, comme Le Pont de la Rivière Kwai, Les 55 Jours de Pékin ou Alamo, entre autres. Il en résulte une douce nostalgie réconfortante devant cette œuvre dense et spectaculaire.

8
Écrit par

Créée

le 22 avr. 2025

Critique lue 11 fois

Laurent Doe

Écrit par

Critique lue 11 fois

D'autres avis sur La Grande Évasion

La Grande Évasion
10

L'efficacité imparable de John Sturges

Tirée d'une histoire authentique mais arrangée, cette aventure vise l'univers des camps de prisonniers, les fameux stalags, où John Sturges, en bon spécialiste du cinéma d'aventure et de l'action,...

Par

le 18 nov. 2016

36 j'aime

22

L'évasion comme devoir moral

Le film de guerre est un des genres que j'aime le moins. Heureusement, il y a des exceptions : les films de Ford ou Fuller, ceux de Schoendoerffer par exemple. Et j'aime beaucoup les films de John ...

Par

le 1 sept. 2019

36 j'aime

4

Critique de La Grande Évasion par Lonewolf

L'évasion la plus audacieuse et la plus risquée de toute l'Histoire (tout court car c'est quand même parti d'une histoire vraie, ce qui rajoute au charme du film). Bon, on pourra toujours se demander...

Par

le 29 nov. 2010

32 j'aime

5

Du même critique

Dans l'ombre de John

Ce film me laissait de marbre, puis les récompenses se sont mises à lui tomber dessus, les critiques étaient élogieuses et le genre épouvante, a fini par me convaincre de le placer au sommet des...

le 4 févr. 2015

64 j'aime

7

La playlist estivale d'Edgar Wright à consommer avec modération

Depuis la décevante conclusion de la trilogie Cornetto avec Dernier Pub avant la fin du monde, le réalisateur Edgar Wright a fait connaissance avec la machine à broyer hollywoodienne, en quittant...

le 20 juil. 2017

56 j'aime

10

Triple F : Fun, Frais & Fou.

Enfin! Oui, enfin une comédie française drôle et mieux, il n'y a ni Kev Adams, ni Franck Dubosc, ni Max Boublil, ni Dany Boon et autres pseudos comiques qui tuent le cinéma français, car oui il y a...

le 16 avr. 2014

52 j'aime

8