La Chance Sourit à Madame Nikuko est un film japonais réalisé par Ayumu Watanabe, sorti en 2021. Adapté du roman éponyme de Kanako Nishi, il oscille entre drame intimiste et chronique du quotidien. L’histoire suit Nikuko, une mère célibataire exubérante, qui s’installe avec sa fille Kikurin dans un petit port de pêche. Leur quotidien ordinaire se trouve peu à peu ébranlé par les non-dits du é, les rencontres inattendues, et les tourments de l’adolescence.
Ce qui séduit d’emblée, c’est la chaleur de la mise en scène, la douceur du regard posé sur des personnages souvent marginaux, et le soin accordé à l’animation. Les décors sont somptueux, respirent la poésie du quotidien, et rendent hommage à une forme d’enchantement discret. La relation mère-fille, bancale mais jamais conflictuelle, s’écrit avec une intelligence rare. L’exubérance presque grotesque de Nikuko, qui pourrait d’abord agacer, se transforme peu à peu en force d’attachement : derrière sa simplicité apparente, elle incarne une forme de résilience lumineuse. L’arc narratif secondaire entre Kikurin et son camarade d’école, d’une justesse tendre et imprévisible, apporte au récit une légèreté et une émotion diffuse, sans jamais paraître accessoire.
Le film n’échappe pas à quelques travers typiques du genre. Les émotions, parfois poussées à l’extrême, frôlent l’excès, comme si chaque personnage devait livrer une psychanalyse en direct. Cette intensité constante nuit à la subtilité, en particulier dans certaines scènes dramatiques plombées par un trop-plein de larmes et d’effusions visuelles absurdes, comme ces pleurs accentués par un écoulement nasal caricatural. Ces choix esthétiques brouillent parfois la sincérité de l’émotion.
Malgré ces débordements, La Chance Sourit à Madame Nikuko touche juste. Le film a su convaincre par son humanité sincère, son humour discret et son sens du détail. S’il n’a pas eu l’écho international d’autres productions japonaises sorties la même année, il n’en demeure pas moins une œuvre marquante, profondément touchante, et terriblement vivante. Un film qui réconforte autant qu’il enchante.