À hauteur d’enfant, on ferme les yeux et on rêve. Dans les interstices de la maison close, les souvenirs reconstruisent le réel. Avec délicatesse, Finkiel joue avec l'espace ( presque un huis clos). Un dispositif exploité avec pudeur ( dans le placard d'une chambre caché par une prostituée ukrainienne se terre Hugo, un enfant juif de 12 ans qui fuit les persécutions) . Là, il attend, observe, entend... Il n’a qu’une perception tronquée de ce qui se déroule. De son point de vue , cet espace clos devient tel une chambre noire, une surface de projection à travers laquelle s'élargit sa vision du monde. Il reconstruit son univers psychique à travers ses fantasmes et ses souvenirs. Une manière de filmer les fantômes. Sans jamais lâcher le point de vue de Hugo, s’opère le bouleversant age de l’enfance à l’adolescence (depuis l’arrestation de son père, la fuite avec sa mère et la disparition de celle-ci, les violences subies par Mariana, la violence des occupants qu'ils soient allemands ou russes... ) Finkiel convoque à la fois la tragédie de l’Histoire ( la Shoah), la métamorphose adolescente et de façon troublante, ce qui se e dans notre monde contemporain. Il y a des scènes magnifiques dans cette relation entre ces deux êtres ( Hugo et Mariana, qui devient une mère de substitution) contrastant avec d’autres scènes dont la réalité crue d'un charnier de personnes assassinées par les allemands. Ou encore l'éveil du désir d'un Hugo devenu adolescent... Malgré le malaise qu'elle peut susciter, cette scène reste hors champ. Quant à l'interprétation, Mélanie Thierry qui s’exprime en ukrainien est exceptionnelle, tout en étant très sobre dans l’incarnation d’une prostituée ( une femme à la fois lumineuse et bouleversante)