Le monde de demain, post-apocalyptique assurément, ne devrait pas être très drôle mais globalement artificiel, avec une dictature hygiéniste au pouvoir, cela va sans dire. Le cinéma fait son miel depuis longtemps de ce futur aseptisé et cela en dit sans doute très long sur nos peurs actuelles. Le concept de L’Évaluation pourrait avoir été imaginé par une intelligence artificielle, la même qui aurait pondu, si l'on ose dire, celle de The Pod Generation, dans sa vision de la parentalité de l'avenir, forcément contrôlée et même soumise à un test préalable, dans le film de Fleur Fortuné. L'idée ne manque pas d'intérêt mais elle est moins traitée comme une interrogation philosophique que comme un jeu de rôles pervers avec des situations choquantes, mais pas trop quand même, et un sens de l'absurde istré avec un sérieux effrayant alors qu'un peu d'humour n'aurait vraiment pas fait de mal. La mise en scène et l'aspect visuel tiennent la route mais le scénario s'avère on ne peut plus prévisible, à partir d'un certain moment, un peu toujours dans la même tonalité, avec un dénouement pas très crédible mais épousant parfaitement la morale d'aujourd'hui (la rencontre entre l'évaluatrice et l'épouse ne serait pas possible dans le monde décrit). L'atout principal du film se situe dans l'excellence du jeu d'Alicia Vikander qui elle, au moins, paraît prendre un plaisir infini à se métamorphoser sans cesse.