Il va réchauffer la guerre froide.

Dixième aventure pour l'agent le moins secret de sa majesté, adaptée cette fois du roman éponyme que rédigea en 1962 un Ian Flemming si peu fier du résultat qu'il en vendit les droits. Suite aux refus consécutifs de Steven Spielberg et Guy Hamilton, c'est finalement Lewis Gilbert qui se retrouve à la barre, dix ans après "On ne vit que deux fois".

Jetant aux orties les délires à la limite du bis des deux précédents volets, "L'espion qui m'aimait" revient à un peu plus de sérieux, soucieux d'offrir aux spectateurs de l'époque le blockbuster ultime. Le film bénéficie ainsi de la mise en scène solide de Gilbert, de la direction artistique impressionnante de Peter Lamont et de Ken Adam, ainsi que d'une superbe photographie signée Claude Renoir, momentanément aidé par Stanley Kubrick en personne suite à des problèmes de santé.

Pas crédible pour un sou dans ses deux premiers essais, Roger Moore se montre enfin à l'aise dans un rôle définitivement trop grand pour lui, mais peine toujours autant à faire oublier la classe ultime de Sean Connery, pas aidé par des répliques douteuses et un flegmatisme forcé. Bonne idée cependant de le confronter à un agent russe et surtout féminin, loin des potiches habituelles. Un personnage intéressant sur le papier, malheureusement sous-développé et tiré vers le bas par le jeu limité de Barbara Bach.

Pour des questions de droits, le Blofeld du roman se voit malheureusement remplacé par un adversaire transparent, aux motivations obscures, totalement éclipsé par son bras droit Jaws, second couteau inoubliable incarné par l'imposant Richard Kiel, dont les apparitions sont carrément dignes d'un pur film d'épouvante et représentent le meilleur du film.

Peut-être l'épisode le plus satisfaisant de la période Roger Moore, "L'espion qui m'aimait" est un spectacle agréable et qui relance la saga sur de bonnes bases, tirant parti de superbes décors mais qui accuse malheureusement le poids des ans et qui peine à maintenir l'intérêt sur la durée, la faute à un scénario finalement peu attractif.
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le 14 janv. 2015

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Gand-Alf

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