L'Écume des jours par Vincent Bruneau
Ce film est le dernier long métrage du fantasque Michel Gondry, autrement connu pour sa performance de réalisateur sur le fameux Eternal Sunshine of the Spotless Mind (avec Kate Winslet et Jim Carrey dans un rôle dramatique).
Cette fois n’est pas coutume, avec l’Ecume des Jours, Michel Gondry signe un film onirique adapté du roman du même nom de Boris Vian. Bienvenue dans un univers surréaliste où les banalités du quotidien s’entremêlent d’évènements et d’objets tous plus loufoques les uns que les autres.
L’histoire se déroule à Paris et met en lumière Colin (Romain Duris), un homme inventif, curieux de tout et qui « possède une fortune suffisante pour vivre convenablement sans travailler pour les autres ». Il mène une vie paisible entouré d’amis à l’image de Nicolas (Omar Sy), son cuisinier émérite, son chauffeur de maitre, son avocat et son maitre à penser, bref son ange gardien, ou encore de Chick (Gad Elmaleh), un ingénieur sans le sous dans un univers où les ouvriers forment l’élite et accessoirement fanatique invétéré du philosophe Jean-Sol Partre (ne vous inquiétez pas, il n’y a pas d’erreur de frappe).
Cette vie paisible va être terriblement chamboulée lorsque Colin va tomber amoureux et épo Chloé (Audrey Tautou) « une véritable incarnation d’un blues de Duke Ellington ». En effet, leur conte de fée va petit à petit tourner au drame lorsque cette dernière va tomber malade d’un nénuphar qui pousse dans son poumon. Mais les soins coûtant cher, la fortune de Colin va se réduire à peau de chagrin, l’obligeant à exercer des professions toutes plus absurdes les unes que les autres. Leur vie va alors se dégrader petit à petit, à l’image de leur appartement…
Ce film possède une distribution exceptionnelle. On notera les performances des acteurs précédemment cités, mais aussi de Charlotte le Bon, d’Aïssa Maïga ou encore de Michel Gondry lui-même, en médecin déé par les évènements. Qui plus est ce film est une véritable réflexion par l’absurde sur la société, l’univers du travail, l’argent et la maladie, au travers de ces personnages géniaux.
L’univers ici présenté est fantastique, chaque objet laisse place à un jeu de mot, tout est sorti d’un autre temps, voir d’un autre monde. On retrouve le côté matérialiste et les couleurs des années 1970, mais il semble difficile de situer ce film dans le temps. Qui plus est les personnages sont très riches et pleins de ressources.
La réalisation quant à elle est vraiment brillante, digne d’un Jean-Pierre Jeunet avec des plans précis et mettant en scène des objets dont les mouvements sont captés en stop motion ou même en intégrant certains effets spéciaux un peu kitchs à l’image de ceux utilisés par Tim Burton dans Beetlejuice par exemple.
Sur le papier ce film est un chef d’œuvre, mais sur le papier seulement. En effet, tout ce qui fait l’intérêt du film s’effondre très rapidement lorsque la maladie de Chloé commence à prendre de l’ampleur. Tout s’assombrit, tout ralentit et le film tout entier en pâtie. Je dirai que ce film de 2h05min possède pratiquement 30 à 45 minutes de trop. Trop de pathos tue le pathos et tout l’enthousiasme du début s’est envolé depuis longtemps lorsqu’arrive le générique de fin. Je dirais donc que ce film a du génie, mais qu’il n’en est pas génial pour autant car disons les choses, à la moitié de ce dernier, on s’ennuie profondément…
Je suis convaincu que cette adaptation restera un exercice de style à la technique irréprochable, contentant les aficionados du genre et autres fans de Boris Vian, mais ne sera jamais culte justement parce qu’il laisse un arrière gout d’inachevé et de film mal coupé.