Sorti en 1990 et réalisé par Adrian Lyne, L'Échelle de Jacob est un thriller fantastique et horrifique qui jouit d'une jolie réputation. L'Échelle de Jacob c'est donc l'histoire de Jacob (Tim Robbins), un soldat américain qui a fait la guerre du Viêtnam et qui en sort traumatisé. C'est une critique de la guerre et du gouvernement qui ne s'occupe pas de ses soldats qui reviennent traumatisés des zones de combats.
Au début du film, on voit Jacob qui se réveille soudainement dans le métro de New-York. Ses rêves le replongent dans les combats au Viêtnam et c'est à travers différents flashbacks qu'on en apprend un peu plus sur son é. Il est régulièrement hanté par des rêves, ou plutôt des cauchemars, et voit des hallucinations. Ainsi, il croit voir des créatures difformes (lovecraftiennes), prétend être pourchassé par le gouvernement et soupçonne ses proches de comploter contre lui. Visiblement, le bonhomme ne va pas bien, mais alors vraiment pas bien du tout et sombre peu à peu dans la folie.
La relation est tendue entre Jacob est sa petite amie Jezzie (Elizabeth Peña) et en plus, on apprend au moyen d'un flashback qu'il s'est séparé de son (ex)femme avec qui il avait un enfant. Et comme si ça ne suffisait pas, on apprend aussi qu'il a perdu un autre enfant (Macaulay Culkin) avant de partir au Viêtnam. C'est donc un homme détruit, qui ne comprend plus le monde qui l'entoure. Mais il va tout de même essayer de comprendre la signification de ses hallucinations, plus ou moins aidé par sa nouvelle concubine et par son docteur (Danny Aiello).
Plus on avance dans le film, plus on doute sur la réalité du monde dans le lequel il vit. Entre les flashbacks sur sa vie avant la guerre, puis durant la guerre et les hallucinations du présent, on finit par douter de tout. Adrian Lyne et son coscénariste Bruce Joel Rubin (auteur du scénario de Ghost sorti la même année) ont fait un énorme travaille pour rendre tout ça cohérent aux yeux du spectateur. La direction artistique notamment est un gros point fort du film, avec une atmosphère lugubre que n'aurait certainement pas renié John Carpenter. On va se demander si on est pas dans un cauchemar éveillé, ou dans le purgatoire pour Jacob, ou s'il est réellement victime de conspirations. Seulement dommage que, me concernant, on devine (trop) vite la solution de l'énigme ...
Jacob est en fait dans le purgatoire et est réellement mort au Viêtnam. Il aurait été empoisonné avec les siens par des gaz sur les zones de combat, disséminés par l'armée américaine elle-même. Ce serait des gaz testés par l'armée américaine sur leurs propres soldats pour décupler leur rage au combat. Le film traite donc réellement d'une histoire de conspiration et Jacob a bien été tué par l'un des siens dont la rage au combat a été décuplé après l'inhalation des gaz. Et tout le film montre une expérience de mort imminente, durant laquelle Jacob voit sa vie défiler devant ses yeux et la scène finale montre la lumière au bout du tunnel. Jamais il ne quittera le Vietnam puisqu'il est mort là bas et toutes les scènes qui montrent sa vie après le Vietnam sont en fait des rêves fantasmés.
Il n'est pas très difficile de deviner où le récit veut nous amener et on devine assez vite comment ça va se terminer tout ça. Le titre du film lui-même "spoil" l'issue du film, puisque L'Échelle de Jacob fait référence à des écrits bibliques qui parlent d'actes de rédemption pour retrouver le paradis ...
Pour Jacob, c'est le parcours de rédemption de l’âme. C’est un film qui parle de l’âme après la mort sous une perspective chrétienne mais aussi new-âge. Le docteur est son "guide spirituel" à son fils mort vient le chercher à la fin du film pour le guider vers le paradis. D'ailleurs, son docteur/guide spirituel donne toutes les clés de compréhension à Jacob au cours de leurs séances. Quand Jacob s'accroche à la vie il voit des démons prêts à tirer son âme. Puis dans un second temps, vient le lâcher-prise et les anges viennent libérer son âme. Faire la paix, faire le deuil de son fils, sont autant de marches à gravir pour Jacob sur son échelle entre ciel et terre.
L'Échelle de Jacob, c'est aussi une critique du gouvernement américain qui n'hésite pas à sacrifier ses hommes pour faire des expériences ...
Le scénario s'inspire librement des faits rééls qui ont été relatés comme quoi l’armée américaine aurait utilisé du gaz innervant de type sarin durant la guerre du Vietnam pour éliminer des déserteurs américains dans un village du Laos. C'est donc une dénonciation de certains agissements du gouvernement américain qui aurait donc testé ces gaz (armes chimiques) sur ses propres hommes.
Bref, L'Échelle de Jacob est un film surprenant quand on connait le CV de son réalisateur Adrian Lyne (Flashdance, 9 semaines ½, Liaison Fatale et Proposition indécente). C'est un film fantastico-horrifique glauque et malsain, bien loin des thèmes de prédilection du réalisateur britannique. Aprés, certains détails montrent bien qu'Adrian Lyne n’est pas un spécialiste du genre. Le film est beaucoup trop sage dans le traitement de l'horreur et le scénario est trop didactique. Son gros point fort, ça reste la direction artistique et un scénario intriguant. Et même si le twist final est assez facile à deviner, il n'en reste pas moins un joli exercice de style. (7.5/10)