Le plus merveilleux dialogue de l’histoire du cinéma

… Un couple heureux avec un enfant, à la campagne, une citadine, très belle, très élégante venue en vacances. Toute consciente de l’effet qu’elle peut imprimer sur cet homme modeste, elle le veut comme elle voudrait un objet. Nous sommes dans l’ère du pré-code, il n’y a pas encore de censure à Hollywood, donc Murnau nous la montre en petite tenue pour bien souligner cet effet. Lui, perd la tête, assailli par cette promesse de sensualité, il consent à éliminer sa femme, une campagnarde un peu naïve devenue gênante.


Tout n’est plus que trahison, malheur, désespoir dans ce clair-obscur de cinéma. Il décide de er à l’acte, mais n’y arrive pas. Alors sa femme s’enfuit, à la ville, il la suit. Le remord cède peu à peu la place au repentir, à l’espoir, au renouveau et la lumière s’invite de nouveau.


Dès le premier plan, L’aurore subjugue par son ouverture magnifique. Il y a cette affiche dessinée d’un train sous une arche de verre qui laisse transparaitre les buildings de la ville. Puis l’image s »anime, devient réalité, un plan fixe, le train démarre puis accélère sa course, les saccades de la vapeur s’intensifient. Puis les images s’enchevêtrent, 2 trains se superposent, puis un bateau fait disparaitre une plage dans un fondu enchaîné. Nous sommes en 1927…
Mais plus encore que la magnificence de ses images, cette fresque impressionne par sa modernité, son acuité dans l’exploration des sentiments humains. Les scènes sont des tragédies, ou des hymnes à la vie quand vient l’aurore tant attendue.
Et puis, il y a les personnages, chaque regard, chaque moue, chaque geste subliment les rapports humains. On touche ici la quintessence du cinéma muet lorsque la gestuelle permet un dialogue bien plus profond que la parole.

9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films des années 1920

Créée

le 18 déc. 2017

Critique lue 205 fois

13 j'aime

7 commentaires

Yoshii

Écrit par

Critique lue 205 fois

13
7

D'autres avis sur L'Aurore

L'Amour

Autant dire que pour un Schwarzeneggérien élevé aux petits Van Damme, L'Aurore n'est pas le choix le plus évident venant à l'esprit. Il est bon pourtant de se faire violence, de déer les préjugés...

Par

le 28 janv. 2011

112 j'aime

10

Rideau radieux

Faust racontait par le biais de la mythologie allemande la force de l’amour chez les humains ; L’Aurore ne va pas évoquer autre chose, mais le fera par d’autres voies. Auréolé de son succès...

le 26 sept. 2017

103 j'aime

7

Entre Chien et Loup

J'ai vu l'Aurore. Je n'en avais jamais entendu parler avant Sens Critique, pour cause d'inculture totale du cinéma muet, et même du cinéma old school tout court. Je remercie chaudement le site de me...

le 7 févr. 2012

77 j'aime

21

Du même critique

« Nous avons rencontré notre ennemi et c'est nous encore » *

Jamais peut-être depuis 1938 (et le canular fabuleux d'Orson Welles, qui le temps d'une représentation radiophonique de "La guerre des mondes" sema la panique aux Etats-Unis), une illustration...

Par

le 15 avr. 2024

137 j'aime

23

Space Opéra Pré-Apocalyptique

La relative déception qui accompagne la sortie de Mickey 17 n'a finalement rien de surprenant, au vu des attentes probablement démesurées suscitées par le projet depuis sa genèse. Multi récompensé,...

Par

le 5 mars 2025

105 j'aime

12

Edifice en carton

Accompagné d'une bande annonce grandiloquente, encensé avant même sa sortie par une presse quasi unanime, "The brutalist" se présente d'emblée comme l'œuvre d’un cinéaste malin, notamment par son...

Par

le 10 févr. 2025

103 j'aime

31