L'Attachement
7.2
L'Attachement

Film de Carine Tardieu (2024)

Alexandre emmène sa femme accoucher de son deuxième enfant.

La baby-sitter étant injoignable c'est Sandra, la voisine, sans compagnon, sans enfant (et sans le moindre désir d'en avoir) qui prend en charge, un peu contrainte et forcée Elliot le petit de six ans. Lorsqu'Alexandre revient seul de la maternité, sa femme est morte d'une infection rare (embolie amniotique), Sandra le soutient et devient au fil du temps une véritable amie pour lui mais aussi un point d'ancrage affectif pour Elliot (dont Alexandre n'est pas le père) qui s'attache énormément à elle.

Ce film ne m'a guère emballée. Je l'ai trouvé très long et certains personnages embarrassants vraiment mal écrits auraient mérité d'être coupés au montage sans que l'on s'aperçoive de leur absence.

Le choix de Pio Marmaï (acteur que j'aime beaucoup par ailleurs) en veuf éploré (mais pas longtemps) et en père ne m'a pas convaincue. Il a beau avoir des cernes jusqu'au milieu du visage, je ne le trouve pas très à l'aise et crédible dans le registre de l'émotion. Contrairement à Valeria Bruni Tedeschi douce et sage et impressionnante dans ce rôle de femme très indépendante qui s'attache à cette famille à l'opposé de ces "valeurs", prodigue de merveilleux conseils et de formidables remarques. Sans elle le film sombrerait lamentablement. Elle en est le soleil et l'éclaircie, très belle avec ses lunettes et ses cheveux courts et tellement calme qu'on peut dire que ce personnage est un rôle de composition. Elle hérite également des plus belles répliques concernant la féminité, la maternité et d'autres beaucoup plus triviales mais tellement justes telle que : "tu es triste Alexandre mais ce n'est pas toi qui a fait une embolie amniotique, tu es vivant". Simple et imparable je trouve. Nous sommes tellement habitués à la voir incarner des personnages farfelus, expansifs, excessifs, excentriques que je m'attendais souvent à ce qu'elle revienne à ses "travers" mais jamais... Cette retenue lui va à merveille et elle tient sans doute ici son meilleur rôle.

Le film parle de deuil, d'amitiés, de la famille, du célibat, de la paternité et de la maternité et j'aurais vraiment aimé l'aimer davantage. Il est certes délicat et ne cherche pas à tirer les larmes à tout prix même si les premières scènes où une jeune femme meurt en accouchant est injuste et émouvant. La relation d'amitié réserve quelques beaux moments justement parce que le personnage de Valeria Bruni Tedeschi est très bien écrit et interprété et qu'elle incarne l'amie, la soeur qu'on rêve d'avoir. J'ai eu plus de mal avec tout le reste. Des situations invraisemblables comme la rencontre d'Alexandre et de la pédiatre (pauvre Vimala Pons) par exemple. Quel(le) pédiatre ouvre son cabinet à un patient en pleine nuit ? D'autant qu'il ne vient pas pour son enfant mais pour s'exc d'avoir été incorrect lors d'une consultation. La scène est tellement gênante que j'avais envie de me cacher sous mon siège. Je e sur le fait que la pédiatre n'utilise pas de contraceptif, n'en propose pas à son partenaire (après tout une grossesse imprévue, ça se "gère" et la nature est tellement bien faite... au scouououours !!!) et que ce personnage (pauvre Vimala Pons... oups, je l'ai déjà dit) qui devient central est tellement sacrifié, humilié, mal écrit que j'avais envie de ramper sous la moquette.

Si Catherine Mouchet (merveilleuse) interprète avec beaucoup de justesse, de tristesse et de (je lâche le mot) résilience la mère de la défunte, je n'en dirai pas de même de la mère de Valeria (pauvre Marie-Christine Barrault, mais contrairement à Vimala qui traîne un peu la patte arrière, elle semble se réjouir de son personnage). Pourquoi faut-il toujours que les femmes (âgées) indépendantes ou prétendument libérées se comportent immanquablement comme des mères détestables qui n'ont que hargne et agressivité contre leur progéniture. Cette aigreur étant évidemment assénée avec le plus parfait des sourires ! Je déteste ces personnages et pourtant en même temps, les mères déculpabilisées (au cinéma) devraient me réjouir mais je trouve ces personnages toujours mal écrits.

Raphaël Quenard affublé d'une incompréhensible et ridicule moustache constituée de trois poils très drus, hérite du rôle du père immature et désinvolte (qui va s'amender bien sûr) et parvient néanmoins à exister. Le registre de l'émotion lui convient parfaitement, il est temps que les réalisateurs se penchent sur son cas.

Evidemment j'ai sans doute tort de bouder toute cette empathie, cette bienveillance, cette chaleur humaine autour d'un seul et même personnage. Je regrette mais, en dehors de la présence et de l'interprétation de Valeria la sauce n'a pas pris et j'ai beaucoup soupiré en attendant la fin.

P.S. : notons aussi que l'histoire se déroule sur deux années où l'on voit l'âge du bébé s'inscrire régulièrement à l'écran (sinon comment comprendre ATTENTION SPOILAGE qu'Alexandre ne pense qu'à se trouver une nouvelle compagne et se remarier dans la foulée) et Elliot ne prend pas une ride :-)

5
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le 20 févr. 2025

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LaRouteDuCinema

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