Breaking Bad selon Wim Wenders
En effet, le principe de départ est sensiblement le même. Un homme se sait irrémédiablement condamné par la maladie, en l'occurence il est atteint d'une leucémie. Marié, père de famille, modeste propriétaire d'un atelier d'encadrement à Hambourg, Jonathan Zimmermann va progressivement se laisser aspirer dans une dangereuse spirale de tentations criminelles rémunérées, dont il ne parviendra plus à se sortir. Pourtant, il cherchait seulement à assurer un avenir financier à sa famille.
A travers l'itinéraire d'une descente aux enfers, aborder la misère a toujours été un sujet piégeux au cinéma. Cependant, les bons auteurs n'ont aucune difficulté à contourner ces pièges, à commencer par l'allemand Wim Wenders, ou plus récemment Jean-Marc Vallée et son "Dallas Buyers Club". Tout d'abord, le fond musical utilisé met en place un climat de suspense paranoïde, une tension implacable. Sans nous montrer tant de violence que ça, l'ambiance nous fait froid dans le dos, nous tient en haleine, malgré le peu de péripéties qui se déroulent sous nos yeux aterrés.
Se voulant le moins démonstratif possible et le plus nuancé possible, ce polar tragique est une réussite. A l'image des autres composantes, les acteurs sont en grande forme, Bruno Ganz en tête d'affiche. Pas mal de coups de mous au niveau de scénario, que l'ont peut aisément pardonner, surtout avec cette réalisation digne des plus grands maîtres. En 2 heures, vous aurez le temps de vous ennuyer c'est sûr, sauf que cette longueur est indispensable au genre. Il en résulte une globalité monolithique déprimante, qui en dérangera certainement plus d'un, mais pourtant si propice au scénario. C'est en ça que ce film m'a fortement évoqué le "No Country For Old Men" des Frères Coen.
Un excellent thriller, sobre, maîtrisé, inquiétant et ionnant, que je vous recommande chaudement.