Los Angeles est une cité tentaculaire et immense dans laquelle il est aisé de se perdre. Avec ses multiples artères, ses buildings s'élevant jusqu'au ciel et sa région désertique qui l'entoure, la cité des anges est un lieu qui impressionne de par sa grandeur et sa majesté.
C'est dans cette ville que Terrence Malick a décidé de planter l'action de son nouveau film, Knight of Cups. Il y suit Rick (Christian Bale), un homme perdu et en proie aux doutes. Déboussolé, ce dernier erre dans ce monde à la recherche de l'amour et d'un sens à donner à sa vie. Hélas, il ne trouve rien de tout cela et doit se contenter d'une existence nihiliste, essayant tant bien que mal de ressentir une quelconque sensation en menant une vie de vice et de débauche. Mais rien n'y fait. Désincarné, il semble être condamné à vivre dans un univers auquel il n'appartient pas et où tout lui semble étranger.
Cette situation crée une impression de distance entre Rick et les choses qui l'entourent ; une impression qui est d'ailleurs soulignée par la sublime mise en scène de Malick. Ce dernier nous montre des brides de scènes et laisse voguer sa caméra sans jamais vraiment se focaliser sur un point précis. Les sons sont presque inaudibles comme si nous avions la tête plongée sous l'eau et que nous entendions au loin un écho de quelque dialogue. C'est comme si nous, spectateurs, étions là sans être là ; comme si nous étions dans un état de stase latent où tout nous semble proche mais également lointain. Comme Rick, nous sommes voués à vivre dans ce songe de perdition.
Dans ce songe, Malick nous égare à travers un monde labyrinthique. Avec ses plans en contre-plongée et ses courtes focales, il nous livre des décors grandioses et presque divins. Le factice Caesar's Palace de Las Vegas se transforme en un véritable jardin d'Eden et les routes de Los Angeles semblent se prolonger jusqu'à l'infini . On est subjugué par ces plans à la fois beaux et inaccessibles de par leur grandeur. Dans ces décors, se meuvent alors le père et le frère de Rick mais aussi, les femmes, de splendides muses qui, pour une raison ou une autre, finissent toujours par nous échapper.
Véritable oeuvre contemplative et de sensations, Knight of Cups assume complètement son parti pris artistique et ne s'encombre d'aucun artifice, d'explication ou de dialogue superflu. C'est un film de sensations se racontant par des sensations. C'est dans cette ambiance poétique que nous voguons à travers cette histoire où nous voyons Rick renaitre peu à peu.
Radical dans sa conception, Knight of Cups est donc une oeuvre belle et puissante. C'est un film qui, de par sa forme et son fond, nous hantera encore longtemps après son visionnage.