Parmi la filmographie de ce bon vieux Herschell Gordon Lewis et dans le grand inventaire foutraque des sous genres du cinéma d’exploitation je demande le film de délinquance juvénile. Bonne pioche avec Just For The Hell Of It sorti en 1968 comme quatre autres films du réalisateur d’ailleurs dont She-Devils on Wheels.
Just For The Hell of It ne raconte pas grand chose si ce n’est les méfaits d’une bande de délinquants et de leur chef Dexter dont le créneau semble être de faire chier le monde et tout casser autour d’eux. Un jour pourtant un type décide de se mettre en travers de leur chemin cahoteux et il risque de fortement le regretter.
Globalement le film ne raconte presque rien et se contente de montrer une succession de séquences dans lesquelles la bande de Dexter commet des méfaits et des actes de délinquances plus ou moins graves dans des scènes qui s’étirent souvent bien plus que de raison. Car Herschell Gordon Lewis fait preuve une nouvelle fois ici de son art du remplissage pour atteindre les 90 minutes reprenant même en plein milieu du film la séquence qui fait office de générique de début. Si vous voulez voir de jeunes abrutis s’acharner à casser du mobilier dans un appartement durant cinq bonnes minutes ou les regarder er à tabac un pauvre vélo innocent ou défoncer une barque, le film ne devrait pas trop vous ennuyer. Car il faut bien le dire la plupart du temps les méfaits de la bande de Dexter ressemblent à des sales plaisanteries d’adolescents attardés certes parfois cruels mais pendant les trois quart du film c’est le plus souvent risible que vraiment effrayant. Ils font du car jacking de poussette en mettant un gosse dans une poubelle tandis qu’ils vandalisent son berceau, ils volent la canne d’un aveugle, arrosent une dame au jet d’eau, recouvre un type de peinture, font brûler le journal qu’une dame est en train de lire, piétinent du linge fraîchement lavée ou mettent des tartes à la crème dans le visage d’une caissière. Tout ceci tourne même parfois au ridicule le plus complet quand au comble de l’attitude punk et destructrice on voit un des types de la bande poser un verre parmi les tasses d’une cafétéria ou qu’ils s'attaquent aux pauvres magazines d’une salle d’attente en les déchirant. Le problème c’est que ses méfaits crétins, anodins, stupides voir ridicules se retrouvent noyés dans d’autres franchement plus scandaleux et condamnables comme des viols, des actes de torture et des coups gratuitement distribués. Mais comme Herschell Gordon Lewis filme un peu tout avec la même platitude, on finit par avoir la désagréable sensation que tout se vaut ou presque. Il faudra attendre le dernier quart d’heure du film pour qu' enfin l’intensité dramatique prenne un peu le pas sur l’étalage complaisant et gratuit de tout et un peu n'importe quoi avec la vengeance de la bande de Dextrer sur la fiancée de leur seul et unique rival. On pourrait croire qu’il y-a une pseudo morale, une forme de construction pour dire que si on laisse faire les premières innocentes incivilités on se condamne à des actes plus graves par la suite, mais la chanson finale du film est claire en disant que si vous cherchez une morale à cette histoire, bah y'a pas de morale.
Techniquement c’est du Herschell Gordon Lewis donc il ne faut pas s’attendre à des miracles et il en sera de même pour la direction d’acteurs qui est du même tonneau. Dexter
l’a peine charismatique chef de meute est interprété par Ray Sager que l’on retrouvera plus tard dans le rôle emblématique de Montag le Magnifique dans The Wizard of gore et l’on retrouve au casting dans les figurantes une partie des filles du gang de motardes de She-Devils On Wheels qui même au second plan jouent toujours aussi affreusement mal. Moins anecdotique dans le rôle de Bitsy la seule fille de la bande, on retrouve la craquante Nancy Lee Noble avec ses faux airs de Miou-Miou débutante. Autre acteur présent dans les deux films avec Rodney Bedell qui incarne ici le courageux héros mais un poil ridicule quand il craque lamentablement le fond de son pantalon lors d’une bagarre toute molle de cour de récréation. Car Herschell Gordon Lewis niveau scène d’action c’est franchement pas Sam Peckinpah à l’image d’une poursuite finale toute molle conclus par un accident de moto hors champs illustré par un bruit bizarre de vaisselle cassé. A noter également l’amusante chanson Destruction de Tark Renebar qui revient régulièrement tout le long du film pour se plaindre d’une jeunesse qui ressemble à des animaux échappés d’un zoo, puante comme un singe et violente comme un tigre …
Just For The Hell of It souffre quasiment des mêmes défauts que son quasi homologue féminin She-Devils The Wheels, une intrigue prétexte qui se perd en remplissage, des personnages creux et une interprétation vide et surtout des enjeux dramatiques qui arrivent bien trop tardivement pour vraiment sauver l’ensemble. Après forcément c’est du pur cinéma d’exploitation, faut sans doute pas trop lui en demander non plus.