"Partout où est le peuple réside le pouvoir !"

Chicago, 1968. L’Amérique est encore sous le choc de l’assassinat de Martin Luther King. C’est dans ce contexte confus d’incompréhension et de colère qu'apparaît Fred Hampton (Daniel Kaluuya). Ce jeune activiste de moins de vingt ans devient le charismatique leader du Black Panther Party de l'Illinois. Sa notoriété naissante va bien au-delà de l’organisation. Orateur de talent et surtout fédérateur, sous la bannière anti-capitaliste, Hampton arrive à regrouper différents clans, différentes ethnies et groupes sociaux, il ira même jusqu’à rallier à la cause des sudistes blancs, (lors d’une séquence à peine croyable). Sa popularité inquiète jusque dans les hautes sphères fédérales. J.Edgar Hoover (Martin Sheen), l’empereur tout puissant du FBI, en véritable Ponce Pilate, ne veut pas d’un nouveau messie dans les rues de Chicago. C’est alors qu’intervient l’agent Roy Mitchell (Jesse Plemons). Celui-ci oblige William O'Neal (Lakeith Stanfield), un jeune voleur de voitures sur la sellette à infiltrer les blacks panthers pour se rapprocher d’Hampton. Comme beaucoup peuvent le croire - et il est effectivement difficile de faire autrement dans le paysage cinématographique actuel - que “Judas and the Black Messiah” soit balisé pour être un énième porte-parole opportuniste surfant sur la vague du “Black Lives Matter”. On peut penser que le film soit formaté à outrance, apportant son lot d’instrumentalisation exacerbée, de messages anti-racistes ou autres démagogies dégoulinantes, histoire de faire vibrer la corde sensible de la bien-pensance inquisitrice ! Eh bien, “Judas and the Black Messiah”, même s' il n’échappe pas à quelques ficelles manichéennes (compliqué avec un sujet pareil) est bien plus que cela. Le récit fait montre d’une impartialité assez surprenante dans ses propos. Au travers de l’exercice délicat du Biopic, le réalisateur n’est pas là pour convaincre le spectateur du bien fondé de l’organisation des Black Panthers, il osera le parallèle entre le BPP (Black Panthers Party) et le Klu Klux Klan, toutes deux considérées comme des entreprises terroristes par les Fédéraux. Dans une Amérique enlisée depuis déjà cinq ans au Vietnam, un conflit qui envoie principalement les plus démunis et les minorités raciales vers la mort, “Judas and the Black Messiah” traite de la guerre politique et idéologique qui secoue le pays. Relayée par les discours de Fred Hampton, la révolte gronde. Sous ses oripeaux d’aides sociales - petits déjeuners gratuits pour les enfants des quartiers pauvres, dispensaires, éducation ou plutôt endoctrinement - le BPP se radicalise au gré des tragédies. La guerre avec les forces de l’ordre est totale. Mais, pour Hampton l’humaniste - en véritable héritier de la philosophie de M.L King - la violence n’est pas la bonne réponse. Oui mais voilà, Hampton dérange et pour le gouvernement, il est temps d’agir ! Porté par deux excellents comédiens, Daniel Kaluuya (qui a obtenu l’Oscar ) et Lakeith Stanfield qui ont déjà tourné ensemble dans “Get Out” de Jordan Peele, “Judas and the Black Messiah”, au travers de sa magistrale reconstitution, est une plongée immersive dans un é trouble qui permet de mieux en comprendre le présent !

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le 8 mai 2021

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RAF43

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