Une vie (presque) ordinaire.

Comme le titre l'indique, on suit la vie de Jeanne Dielman, une femme habitant à Bruxelles, qui a la quarantaine, veuve, un fils, et qui comble la solitude de son existence, monotone, par de la prostitution qu'elle effectue occasionnellement.


J'étais très curieux de voir ce film, souvent cité comme un des meilleurs de l'histoire du cinéma, mais je ne m'attendais pas à une telle épreuve à vrai dire. Dans le sens où ça dure plus de 3h20, avec assez peu de dialogues, et qui montre la vie comme on peut la mener quand on vit seul, avec ses tâches ménagères, la toilette, faire les courses, le tout étant non seulement in extenso mais aussi en plans entièrement fixes. Je me demande encore l'intérêt de voir Jeanne Dielman, très bien jouée par Delphine Seyrig, éplucher des pommes de terre durant dix minutes, tricoter, écouter de la radio, prendre sa douche, car au fond ça m'a plus rendu mal à l'aise qu'autre chose.
Je ne connais pas les conditions de production, mais Chantal Akerman (qui avait 25 ans au moment de tourner ce premier film) veut peut-être montrer la monotonie de l'existence, la banalité d'une vie, entrecoupée de rencontres avec des hommes dont la conclusion est toujours la même ; mettre de l'argent dans un pot, que le fils vient prendre. Fils ingrat d'ailleurs...


Je reconnais que c'est très bien filmé, car ça donne quelque chose de pictural, sans musique autre que celle qu'on entend dans la radio ou dans les magasins, mais surtout, ce qui me fascine, c'est dans la représentation de l'époque. Bien que le film se e à sa période, en 1975, il n'y a aucun marqueur de temporalité, il n'y a pas d'électro-ménager moderne, la télévision n'existe pas, ça pourrait se er dans les années 1960. Quant à l'histoire, elle se résume à ce que je dis plus haut, mais avec un seul coup de théatre dans les dernières minutes qui vient tout remettre en question. Mais que de temps aura-t-il fallu attendre.


Attention, je n'ai pas détesté, d'où mon 5/10, mais c'est le genre de films dont j'ai du mal à comprendre l'intérêt en tant que fiction. Peut-être au fond suis-je trop attaché à la narration ? Car bizarrement, j'ai pensé à un autre film, sorti plus trois ans plus tôt, qui reprend le même genre de dispositif simple (pas simpliste) au service d'une histoire, La maman et la putain, qui est un chef d'oeuvre absolu. Là, j'ai vu quelque chose d'honnête, qui a ses atouts concernant la sociologie, mais dont je ne comprends pas vraiment les critiques dithyrambiques...Ça me perturbe.

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le 2 avr. 2021

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Boubakar

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D'autres avis sur Jeanne Dielman, 23, Quai du Commerce, 1080 Bruxelles

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