Voir J’ai tué à ma mère après Mommy a tout de retour aux sources et d’un voyage dans le temps qui, s’il semble bref puisque le film n’a que 5 ans, est en réalité bien ample au regard de la carrière du jeune prodige Dolan.
Tout est ici en germe : le rapport conflictuel à la mère, Dorval et Clément, un lyrisme échevelé, la volonté évidente de dire avec la plus grande sincérité possible le mal être de l’adolescence.
Syndrome du premier film, qui plus est pour un jeune homme de 20 ans, les excès abondent. Entre les encarts au ralenti citant WKW, les entretiens face caméra en noir et blanc, deux procédés qu’on retrouvera dans Les Amours imaginaires, les tableaux (maman en vierge, maman en vahiné au solarium) et les cuts sur des natures mortes en synchro avec la rythmique musicale, le too much est assez constant.
On ne peut certes qu’être impressionné par le jeu des comédiens et l’intensité atteinte par certaines scènes, notamment celle où la mère démonte le directeur du pensionnat au téléphone. Tout le film a le mérite de la sincérité, tout comme ses limites. Narcissique, assez redondant (on n’en finit tout de même pas de rompre et de se dire je t’aime, soubresauts propre à l’adolescence, certes, mais bon…) et d’un kitsch assumé qui peut provoquer des douleurs oculaires, comme « maman en robe de mariée au ralenti sur du Sigur Ros avec fiston qui la suit en courant dans la forêt »… Non.
J’ai tué ma mère est bien le brouillon de Mommy ; Dolan a su y varier les situations, y complexifier ses personnages tout en exploitant la même fougue. Et en ayant recours à un autre comédien dont la crise d’identité s’éloigne de celle de l’homosexualité, il parvient à déplacer les enjeux vers un lyrisme moins autocentré et plus ouvert sur son public.
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