Voila un petit polar feel-shit qui piétine tous les espoirs qu’on pouvait avoir de finir la soirée avec le sourire et qui le fait avec un enthousiasme assez communicatif. Iratta (Jumeau), c’est l'histoire d'un flic abattu de 3 balles dans la poitrine dans son comico alors que la police organisait une sorte de journée portes ouvertes. Les lieux sont bouclés et personne ne pourra sortir tant que le coupable ne sera pas démasqué. L’enquête démarre sans traîner et les trois flics qui étaient présents dans les bureaux avec la victime ent sur le grill, chacun ayant une très bonne raison d'en vouloir à ce type que des flash backs présentent rapidement comme la dernière des ordures. Son frère jumeau, flic lui aussi, se retrouve à bord et l'embrouille qui s'était installée entre les deux le rend à son tour fort suspect. L’enquête progresse, ou plutôt régresse au fur et à mesure que toute la complexité de la personnalité de la victime se construit sous nos yeux... Oscillant entre mystère policier à la Agatha Christie et description désolante des conséquences d'une société patriarcale brutale, Iratta arrive à soumettre sans peine le spectateur à son propos. Déjà parce que Joju George impressionne dans le double rôle des deux frangins. Il porte le film sur ses épaules, ne laissant pas grand-chose à ses camarades, écrasant le film de sa présence de gros patapouf charismatique. Même si le scénario m'a semblé parfois un peu court, ou inabouti, laissant certains points injustement sous développés, les intentions restent claires et limpides, mais n’atteindra jamais la puissance machiavélique d’un Maharajah. Iratta reste un « petit » polar joliment troussé, qui monte constamment en pression le long d’une intrigue à tiroir assez malin, qui en affûtant la psychologie de son personnage chemine vers la terrible fatalité dont il ne pourra s’échapper, et qui viendra balayer tous les espoirs de rédemption.
Même si c’est peut être un peu timoré, ou étriqué dans son développement, et même si le film n’est jamais vraiment virtuose et se contente d’une allure pépère restant modeste et mesuré, Iratta est un petit plaisir absolument mal aimable, souvent désagréable et franchement jouissif.