L’espagnol Jaume Collet-Serra, auteur d’un bon « Esther » et errant aux côtés de Liam Neeson dans de du thriller suffisant, sonne le come-back d’attaque de requin sur l’écran large et « sérieux ». L’intrigue a beau tenir sur quelques lignes, il y évoque bien plus qu’une simple traque sanguinaire. Derrière cette barrière horrifique qui entoure l’héroïne se dresse une profondeur plus humaine.


Nancy, campée par Blake Lively, est loin d’être le cliché féminin que l’on rencontre bien trop souvent. Il ne suffit que de sa présence et sa performance pour convaincre. On peut douter sur quelques plans au début et à la fin qui sortent du lot, présentant essentiellement le décor du drame. Mais une fois la créature lâchée, elle s’agrippera à sa prise autant que le spectateur à son fauteuil. La dimension réaliste se relâche de temps en temps et on l’accepte. Autrement, l’intelligence de Nancy n’aurait pas lieu d’être. La tension qui l’accompagne est alors mise en scène avec manière. La relation qu’elle porte avec le é de sa mère en dit long sur ce qui lui arrive ici. Une métaphore qui n’échappe pas aux attentifs et qu’on prendra la peine de déguster.


Niveau technique, les plans illustrent aisément la proximité avec le danger de mort. Que ce soit la classique vue subjective de chaque personnage ou bien des vues d’ensemble imprenables, ils transmettent la nervosité nécessaire pour s’emparer du fil conducteur. A croire que les eaux de la mer n’appartiennent ni à l’homme, ni à ses hôtes… Dans tous le cas, chacun ne souhaite partager sa motivation. On ne pousse pas le propos au bout de son idée car il n’a pas lieu d’être. Cependant, il est toujours intéressant de pencher dans cette leçon de vie, indépendante de toute sa propre volonté.


Ce qui est tout de même regrettable, c’est de finir sur un dénouement tenant de l’excès, car tout ce qui le précède est à apprécier. Le Carcharodon, d’un point de vue esthétique, ne joue pas dans la même catégorie que celui de Spielberg mais possède son charisme propre au rythme du récit, impitoyable soit-il.


Cet « Instinct de Survie » ne se noie pas dans le piège à pop-corn movie. Il met en avant des valeurs scénaristiques surprenantes et relance une machine surexploiter depuis le succès monstrueux des « Dents de la Mer ». Un huis-clos qui ne lâche pas sa proie, autant dire nous autres spectateurs qui convoitons une sortie estivale en mer beaucoup plus reposante.

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le 9 juin 2017

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Cinememories

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