Deux touristes mal dégrossis dans un Paris de carte postale : ce sont la poète Ingeborg Bachmann et le dramaturge Max Frisch. On y cite Apolinaire sur le Pont Mirabeau, on y chante les amours perdues aux tables des guinguettes. Et tout sonne faux.
Ce biopic se voudrait romanesque, ionné, voire lyrique : il n'est que polissé, élégant, froid. La narration articiellement éclatée tente d'insuffler du mouvement.
Il faut avoir de prime abord beaucoup d'amour pour ces artistes pour s'interesser ici à ces personnages apathiques, lisses comme une robe à fleurs.
Dans ce couple mal assorti, il n'y a pas d'alchimie, aucune effusion. Seule l'expression tardive de leur malaise résonne, mais elle est vite évacuée, le temps d'une citation wikipediesque :
Je crois que dans toute relation, les gens se parlent sans se comprendre. En fait, chacun est seul avec ses pensées et ses sentiments intraduisibles.
Sur le papier, ce portrait d'une femme libre, voulant s'émanciper de ses amours petites-bourgeoises interpelle. Mais là encore, le sujet est traité le temps d'une grotesque séquence de plan à trois façon roman-photo, puis d'une galipette dans le désert.
Le film n'est qu'une somme d'intentions. Sans doute bonnes, mais sérieusement devitalisées. Son irréductible sagesse interdit toute velléité de débordement.