Hwayi : A Monster Boy par Gilles Da Costa
Plus de dix ans après sont extraordinaire Save the Green Planet, le réalisateur sud-coréen Jang Joon-hwan nous revient enfin avec ce thriller versant encore une fois dans le mélange des genres.
Ainsi, si son premier long métrage s’intéressait au parcours de Byeong-gu, un jeune homme esseulé torturé par son é et ses névroses, en mélangeant avec talent comédie noire, horreur et science-fiction, Hwayi: A Monster Boy se penche cette fois sur une cellule familiale dysfonctionnelle et combine habillement mélodrame, action et fantastique.
On y retrouve également ce refus du manichéisme, cette volonté de remonter aux racines du mal pour mieux comprendre, pour empêcher tout jugement à l'emporte pièce. Car dans Hwayi: A Monster Boy, aucun personnage n'est simpliste ou caricatural. Tous doivent être jugés à lumière des traumatismes de leur é. Ici, le mal n'est pas inné mais acquis, telle une graine plantée par un événement déclencheur, développant petit à petit ses racines pour emprisonner les hommes.
C'est d'ailleurs la question centrale ionnante au cœur de ce film : Sommes-nous prédestinés ou demeurons-nous libres de définir notre avenir ? Et il fallait bien tout le talent d'écriture et l'intelligence de Jang Joon-hwan pour aborder ce thème sans assomer le spectateur. Pour proposer un vrai film de genre tendu et haletant, tout en se penchant sur la question du déterminisme, une notion rarement traitée dans le cinéma de divertissement.
Le réalisateur orchestre ainsi un récit d'apprentissage unique, atteignant un équilibre tonal parfait, entre drame et comédie de mœurs, sentimentalisme et cruauté. Une oeuvre fragile donc, parfois au bord de l'implosion, mais constamment captivante.
Porté par un casting solide mené par le magnétique Yun-seok Kim (The Chaser, The Murderer), Hwayi: A Monster Boy bénéficie, qui plus est, d'une mise en scène remarquable magnifiée par le sublime travail du chef-opérateur Ji-yong Kim (A Bittersweet Life, Le dernier rempart). Cette maestria formelle indéniable culmine dans un final tétanisant et cathartique, qui, si il ne répond pas à toutes les questions posées tout au long du film, laissera tout de même le spectateur pantois par sa violence et son jusqu'au-boutisme assumé. Une belle claque.