Haute tension par VKaeru

La première scène dans laquelle apparaît le tueur donne le ton : le film sera trash dans tous les sens du terme. Le spectacle est étrange : le décor de la ferme entourée de maïs, de la station service ouverte la nuit évoque le cadre du film d'horreur américain - en . Le tueur est l'archétype du redneck obsédé sexuel et sadique, doublé d'une intelligence et d'une intuition hors du commun. Les stéréotypes et les clichés abondent, mais les scènes de tension sont plutôt réussies malgré l'usage trompeur des bruitages et des effets soudains pour faire sursauter le spectateur, ainsi qu'une lumière nocturne perfectible. La révélation finale, qui n'est pas indispensable dans un film de genre mais qui suit tout de même une longue tradition, n'a aucune cohérence temporelle ni scénaristique. Contrairement à la plupart des films faisant l'effort de rendre l'histoire dans son ensemble logique après une grande révélation changeant totalement l'axe de lecture, le résultat se veut ici décomplexé, prenant ses libertés pour sortir un film gore qui s'affranchit de toute cohérence cinématographique. Par choix artistique ou paresse ? Cette direction n'est pas sans intérêt, mais les quelques flashbacks tentant de réordonner tout ce foutoir ne sont pas convaincants pour 2 centimes, et les scènes alternant entre le tueur et son véritable alter-ego sont plutôt consternantes. De plus, je ne sais pas exactement comment lire le message qu'Aja souhaite faire er, dans une époque où la représentation de l'homosexualité féminine n'était pas si courante. Frustrée de ces désirs interdits, Marie trouve-t-elle un exutoire dans son double mental psychopathe ? Est-ce ce transfert qui lui permet de repousser les limites physiques soutenables et même faire preuve de prescience, comme la dernière scène veut nous le faire deviner ? Mais pourquoi mettre sur le même plan le massacre barbare d'une famille aimable et un désir physique inavoué ? On dirait presque que cette fin a été imaginée au dernier moment, alors que le film aurait très bien pu se tenir au "premier degré". Il s'agit du véritable mystère de ce film.

6
Écrit par

Créée

le 22 mars 2025

Critique lue 3 fois

VKaeru

Écrit par

Critique lue 3 fois

D'autres avis sur Haute tension

La mort est dans le pré

Film français assez gore qui divise, mais qui tranche et sectionne aussi, Haute Tension - et en particulier sa petite surprise de derrière les fagots - fait aujourd'hui encore couler un peu d'encre...

le 30 janv. 2016

24 j'aime

4

Le meilleur film d'horreur français de la décennie 2000s

2002 : le cinéma horrifique est au point mort dans l’Hexagone et la tentative Promenons-nous dans les bois n’a pas su inverser la tendance, puisqu’au contraire et selon une symphonie de critiques...

Par

le 26 mai 2014

17 j'aime

1

Heurts du labour

Philippe Nahon en boogeyman bouseux et baveux, forcément ça dépote. Clouer le bec à Maïwenn en bâillonnant sa bouche julia-robertesque, ça fait plaisir. Et transformer l'inable poupée russe...

Par

le 8 févr. 2011

17 j'aime

6

Du même critique

Critique de Ravage par VKaeru

Belle déception. Le film lorgne du côté du cinéma hong-kongais sans jamais en égaler la classe. Les balles tracent des cercles autour des personnages et tuent les bonnes personnes au bon moment, les...

Par

le 27 avr. 2025

1 j'aime

Que ma joie demeure
10

Critique de Que ma joie demeure par VKaeru

Un des plus beaux livres que j'ai lu dans ma vie. Giono a toujours eu une résonance particulière pour moi qui ait grandi en provence et qui suis sensible à une forme de symbolisme surréaliste. Les...

Par

le 22 juil. 2024

1 j'aime

Critique de Civil War par VKaeru

Il est des films urgents qui apparaissent spontanément pour faire leur travail d'électrochoc. Il est cependant rare qu'ils appartiennent à la catégorie des "blockbusters", Joker faisant exception par...

Par

le 8 juin 2024

1 j'aime