La première scène dans laquelle apparaît le tueur donne le ton : le film sera trash dans tous les sens du terme. Le spectacle est étrange : le décor de la ferme entourée de maïs, de la station service ouverte la nuit évoque le cadre du film d'horreur américain - en . Le tueur est l'archétype du redneck obsédé sexuel et sadique, doublé d'une intelligence et d'une intuition hors du commun. Les stéréotypes et les clichés abondent, mais les scènes de tension sont plutôt réussies malgré l'usage trompeur des bruitages et des effets soudains pour faire sursauter le spectateur, ainsi qu'une lumière nocturne perfectible. La révélation finale, qui n'est pas indispensable dans un film de genre mais qui suit tout de même une longue tradition, n'a aucune cohérence temporelle ni scénaristique. Contrairement à la plupart des films faisant l'effort de rendre l'histoire dans son ensemble logique après une grande révélation changeant totalement l'axe de lecture, le résultat se veut ici décomplexé, prenant ses libertés pour sortir un film gore qui s'affranchit de toute cohérence cinématographique. Par choix artistique ou paresse ? Cette direction n'est pas sans intérêt, mais les quelques flashbacks tentant de réordonner tout ce foutoir ne sont pas convaincants pour 2 centimes, et les scènes alternant entre le tueur et son véritable alter-ego sont plutôt consternantes. De plus, je ne sais pas exactement comment lire le message qu'Aja souhaite faire er, dans une époque où la représentation de l'homosexualité féminine n'était pas si courante. Frustrée de ces désirs interdits, Marie trouve-t-elle un exutoire dans son double mental psychopathe ? Est-ce ce transfert qui lui permet de repousser les limites physiques soutenables et même faire preuve de prescience, comme la dernière scène veut nous le faire deviner ? Mais pourquoi mettre sur le même plan le massacre barbare d'une famille aimable et un désir physique inavoué ? On dirait presque que cette fin a été imaginée au dernier moment, alors que le film aurait très bien pu se tenir au "premier degré". Il s'agit du véritable mystère de ce film.