Biopic et pique et colegram (Nom de code Framboise, phase 4)

Étrangement, il ne e pas bien loin du 6 et/ou de ma liste "Film survendu, panda déçu".

On m'en avait dit tellement de bien, une fois encore ça n'a pas forcément rendu service au film.
Je ne peux me défendre de cette impression que je lui offre le bénéfice du doute en raison du sujet, par une espèce de bien-pensance de mauvais aloi.
Nous verrons dans quelques jours si je lui retire un petit point.

Au fait, donc.
Académique, c'est le premier mot qui vient à l'esprit.
C'est le premier regret, cette absence de prise de risque, une sobriété poussée à l'extrême, comme si au XXIème siècle on n'était toujours pas capables de traiter autrement le sujet de l'homosexualité, et je pense en effet que c'est malheureusement le cas.

En découlent une certaine platitude, quelques longueurs, pour un film qui se veut apparemment très respectueux de l'histoire, et gomme une fois encore la timide frontière entre docu et fiction.
Je ne suis pas convaincu pour autant de la pertinence de ce choix.

Tout comme le regard proprement dit sur cette vie.
Si il est nécessaire d'aborder la vie privée de Milk pour comprendre son implication militante et politique, j'ai trouvé les incursions dans ses relations sentimentales un peu répétitives et vaines.
J'ai trouvé par exemple le traitement de la relation amoureuse bien plus intéressant dans I Love You Phillip Morris, alors qu'il prenait une place encore plus importante.

Ce qui sauve le film c'est bel et bien son sujet de fond.
Suivre la progression de cet homme est captivant, très émouvant et les moins actifs d'entre nous, politiquement et socialement, ne pourront sans doute pas refouler l'indignation suscitée par ce récit de la haine ordinaire, de l'intolérance toujours omniprésente de nos jours.

Les acteurs sont tous à leur place, touchants, justes, et incarnant à la fois la conviction et le désespoir de cette population homosexuelle, persécutée notamment par des chrétiens qui ont bien vite oublié celles dont ils furent victimes, et qui trouvent pour la première fois le chemin de l'activisme politique, voie que l'on sait aujourd'hui volontiers empruntée par différents mouvements catholiques extrêmistes (voyez Jesus Camp si vous le pouvez...).

Derrière cette narration somme toute assez banale, se cache probablement la volonté de faire ressortir la banalisation de cette ségrégation.
La réalisation s'efface au profit des faits, de l'histoire, du ressenti.
Il n'empêche que si c'est bienvenu pour un "vrai" docu, un film doit/devrait de mon point de vue aller un peu au-delà.
C'est cet objectif qui n'est pas atteint par Gus Van Sant avec Harvey Milk, et à quelqu'un de cette stature on le pardonne moins facilement qu'à d'autres.

Un bon film donc, mais certes loin d'être excellent.
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Le vrai-faux docu, une idée souvent peu originale et parfois peu concluante

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le 23 oct. 2011

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SeigneurAo

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