Le duo qui avait été choisi un peu à la surprise générale (car totalement inconnu au bataillon) pour réaliser le premier « Captain Marvel » (pas l’horrible second on vous rassure) nous livre leur premier film depuis. Près de six ans après, probablement le temps pour se remettre d’une expérience inaugurale au sein d’une énorme machinerie hollywoodienne comme peut l’être un film Marvel/Disney, Anna Boden et Ryan Fleck nous livre ce drôle de film qui ne ressemble à rien de connu. Après avoir réalisé des épisodes de diverses séries, les voilà qui nous offrent donc ce qui s’apparente à un film très personnel.
En effet, difficile de résumer ce « Freaky Tales » tout autant qu’il semble impossible de le mettre dans une quelconque case. Voilà un projet qui ressemble à une anomalie dans le paysage cinématographique hollywoodien actuel et qui navigue à travers les genres sans vraiment en épo aucun. On peut même se demander comment ils ont pu réussi à trouver des financements pour un truc pareil au sein duquel ils ont su enrôler Pedro Pescal et faire venir Ton Hanks pour un savoureux et long caméo. Bref, en voilà un film bizarre et semblable à nul autre. Et c’est aussi bien une qualité qu’un compliment.
On est autant dans une sorte de film anthologique ou films à sketches, puisqu’il est divisé en quatre morceaux indépendants prenant pour contexte spatio-temporel la ville californienne d’Oakland en 1987, que dans un film choral car les personnages se croisent tout de même tous à un moment ou à un autre, bien que les liens soient extrêmement ténus. « Freaky Tales » est une sorte d’hybride intéressant entre les deux où on croisera une secte de développement personnel, un basketteur adepte des arts martiaux asiatiques, des skinheads s’opposant à des punks, des rappeuses en quête de célébrité et un gangster bientôt papa qui veut se ranger. Et des lumières vert fluo porteuses d’une énergie étrange (!).
Le film va nous offrir des tranches de vie irablement fondues dans une ambiance 80’s du meilleur effet. En effet, en ce qui concerne la reconstitution de l’époque c’est un 10/10! La patine de l’image, les looks, les décors et le way of life californien de cette période est excellement bien rendu. Manque juste quelques tubes plus connus de l’époque pour parfaire le tableau. « Freaky Tales » a en outre la qualité d’être rythmé et de ne jamais nous ennuyer surtout qu’on ne sait jamais vraiment où cette OFNI (Objet Filmique Non Identifié) va nous emmener. Et, fait rare, aucun des segments ne supplante l’autre ou se révèle moins performant. Il y a une homogénéité et un charme propre à chacun.
En revanche, il faut avouer qu’une fois terminée, cette expérience aussi peu commune qu’accessible à tous on se demande vraiment quel était le but des cinéastes. Gros pot-pourri de références de toutes sortes de l’époque (de la Blaxploitation aux films de yakuzas en ant par les classiques de vidéoclubs et les délires des sectes ou des extraterrestres), il tente parfois de moquer les maux de l’époque qui gangrènent encore la nôtre (racisme, homophobie, ...). Mais si le moment est sympa et sacrément surprenant, tout cela demeure vraiment éphémère et un peu vain tant le but de tout cela reste opaque. Alors prenons le comme une séance de déconnade comme en voit qu’une par année!
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