Evil dead is dead

Reboot de la trilogie originale ou sequel du remake ?

Cette question, on commence par se la poser avant de regarder le film, puisque cet opus se veut la continuité d'une saga initiée en 1982, puis on on finit par s'en moquer dans les grandes largeurs une fois le générique de fin péniblement atteint, tant l'esprit du spectateur a été saturé de hurlements, cris, effusions de violence et de sang, corps suppliciés ou possédés.

L'ensemble est réalisé aux moufles à l'aide d'une palette numérique qui sur-valorise la facture visuelle ; cette utilisation abusive finit hélas, par rendre tous ces "efforts" inopérants.

Ca commence pourtant pas si mal, avec un prologue qui cite ouvertement l'unité de lieu classique à base de cabane/forêt/bord de lac.

Le pitch délocalise ensuite tout cela dans un milieu urbain décati mais la sauce ne prend hélas pas. Le spectateur pas trop idiot se rend bien compte que les concepteurs du truc cherchent la rentabilité financière du bouzin sans que la redite se remarque trop (et sans trop se bousculer les neurones pour y parvenir).

Le film est bourratif, qui s'efforce à cocher consciencieusement toutes les cases pour être certain de ne rien oublier du cahier des charges et assurer la filiation avec l'univers de la saga : clins d'oeil, gimmicks, citations, situations-hommages dont les fans sont friands, abondent. Hélas, ce n'est pas aussi spontané et "rafraîchissant", et surtout, pas aussi drôle, ni même aussi effrayant (car oui, le premier "Evil dead" de Sam Raimi réussissait le pari d'être tout cela à la fois).

Et puis comme on est dans l'horreur des années 2020, on estime que la violence censée secouer le spectateur ne peut être rendue qu'à l'aide d'artefacts de mise en scène tels que la saturation de la bande-son, un montage-cut aux plans quasi subliminaux et accumulation d'effets qui n'ont de "chocs" que le nom et finissent par tourner à vide.

C'est l'écriture bancale, les acteurs falots et la mise en scène qui sont en cause puisque tout n'est qu'accumulation d'effets qui ne parviennent à véhiculer ni peur, ni angoisse. Résultat : on s'y ennuie et quelques heures après le visionnage, on a déjà tout oublié.


Et c'est dommage, parce que j'ai beau aimer la subtilité de Truffaut, l'onirisme transalpin de Fellini, le noir et blanc suédois sous-titré en français de Bergman (si c'est pas la preuve que je suis pas un bêcheur !), je crache pas sur le cinoche d'exploitation à tendance "gore-gerbifiant" et j'aime aussi cette franchise.

Dans son genre et bien que décérébrée, la série "Ash VS Evil dead" est plutôt sympatoche, encore faut-il que ce soit fait avec l'amour du genre et des intentions louables. Ici, on voit clairement que les concepteurs de ce truc ont vendu leur âme sur Wish... C'est stérilement violent, l'hystérie sonore et visuelle est gavante, en un mot, c'est laid.

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Sycorax

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