Eragon
3.5
Eragon

Film de Stefen Fangmeier (2006)

« Sans la peur, il n’est point de courage »

Tu es quoi ? Sûrement pas un oiseau 

Un garçon de ferme trouve un œuf de dragon ; il est promis à un brillant avenir.

Bien que conspué avec une ferveur quasi-dogmatique par une critique souvent prompte à l'anathème, le long-métrage Eragon ne saurait être relégué sans nuance au rang des peccadilles cinématographiques indignes d'attention. Loin d'être un chef-d'œuvre impérissable, il se dérobe néanmoins à la vindicte implacable qu'il a suscitée, offrant une expérience visuelle dont la divertissante essence demeure indéniable.


Une Adaptation Inconnue, des Fissures Palpables

N'ayant jamais eu le privilège de parcourir les pages de l'œuvre littéraire dont ce film est l'émanation, toute appréciation comparative m'est bien sûr inaccessible. Mon jugement se forge donc en vase clos, dénué de la lumière éclairante que conférerait la connaissance du matériau originel. Il n'en demeure pas moins qu'une certaine précipitation dans les événements relatés et des simplifications manifestes transparaissent avec une acuité quasi douloureuse. On perçoit, çà et là, des ellipses abruptes, des arcs narratifs tronqués, comme si l'on avait élagué sans vergogne un texte foisonnant pour le faire tenir dans un moule cinématographique par trop exigu. Cette concision forcée, si elle permet de maintenir un certain rythme, engendre une impression de superficialité et d'occasions manquées, où la richesse potentielle d'un univers ne s'épanouit jamais pleinement.


Un Héraut Dépourvu d'Éclat et des Clichés Récurrents

La faiblesse la plus ostensible réside sans conteste dans l'incarnation du protagoniste éponyme par Edward Speleers. Son interprétation, empreinte d'une fadeur déconcertante, confine à l'insignifiance. Le jeune acteur peine à conférer à Eragon la moindre parcelle de l'épaisseur psychologique ou du panache héroïque que l'on attend d'un tel personnage. Son manque patent de charisme laisse le spectateur indifférent à son sort, diluant ainsi l'investissement émotionnel dans une intrigue qui, de surcroît, n'hésite pas à s'abreuver aux sources des plus éculés archétypes de l'heroic-fantasy. Si le récit déploie sans fard son lot de quêtes initiatiques, de mentorat sacrificiel, de figures antagonistes monolithiques et de prophéties ancestrales, recyclant des schémas narratifs maintes fois explorés.


Des Lumières Visuelles Incontestables

Néanmoins, ce tableau critique, bien que juste dans ses observations, ne saurait occulter les quelques fulgurances esthétiques qui émaillent l'ensemble. Les paysages hongrois, sublimement capturés, offrent une toile de fond d'une splendeur indéniable, conférant au monde d'Alagaësia une profondeur visuelle remarquable. Les scènes de vol de Saphira, le dragon compagnon du héros, constituent de véritables prouesses techniques. D'une fluidité et d'un réalisme saisissants, elles insufflent à l'œuvre une dimension aérienne et grandiose, véritablement envoûtante. Enfin, la confrontation finale, bien que n'atteignant pas des sommets d'originalité stratégique, se révèle honnête et engageante, offrant un dénouement convenable à l'aventure.

Bref, cette œuvre n'est certes pas un monument impérissable de l'art cinématographique, et ses faiblesses narratives et interprétatives sont indéniables. Cependant, l'acharnement parfois excessif dont il fut l'objet me paraît quelque peu disproportionné. Il demeure, pour le spectateur non initié au substrat littéraire, un divertissement honnête, émaillé de quelques moments de grâce visuelle qui tempèrent la sévérité d'un jugement par trop péremptoire.

6
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Trilaw

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