Objet de pur plaisir, "Diversion" est un film ionnant malgré ses maladresses, tant il confirme la singularité du travail de Ficarra / Requa après le joli "Philip Morris", puisque le sillon labouré ici est le même : derrière un glacis séduisant d'une image glamour et de personnages brillants, le film organise des dérapages soudains, sacrifiant l'efficacité pour ouvrir des chausse-trappes surprenantes. Mêlant le film "classique" de manipulation, un genre en soi, avec la comédie romantique, Ficarra / Requa tendent la joue pour se faire gifler, puisqu'il est facile de ne pas trouver son compte au sein de ce drôle d'objet, blockbuster raté et vaguement malade : ripoliner Buenos Aires pour séduire le touriste, faire jouer à Will Smith un rôle qui ne lui était visiblement pas destiné, dénuder la belle Margot Robbie aux dépends d'un rôle qui aurait du être plus consistant, les erreurs ne manquent pas. Ceci dit, la faiblesse principale du film est que son climax survient trop tôt, lors de cette scène magnifique du Super Bowl qui dit tout sur le sujet du film (l'amour et les mensonges, les vertiges de l'intelligence, l'attirance du gouffre et le dégoût qui en reste ensuite). Après cela, "Diversion" n'a plus qu'à ressasser les mêmes choses, avec moins de conviction, jusqu'au final raté accumulant twists et révélations jusqu'à l'absurde. Pas assez quand même pour gâcher complètement le plaisir qu'on a pris jusque là... [Critique écrite 2015]