Sorti en 1973, "Deux Hommes dans la Ville" de José Giovanni est un film poignant et dramatique qui se distingue par son engagement contre la peine de mort et son exploration des complexités du système judiciaire français. Plus e cinquante ans après sa sortie, "Deux hommes dans la ville" continue à résonner avec force.
Réalisation et Style :
José Giovanni, lui-même ancien condamné à mort et gracié, apporte une authenticité brute à la réalisation. Son style est dépouillé, privilégiant le récit et les performances des acteurs à des effets visuels sophistiqués. La mise en scène est sobre, presque austère, ce qui renforce l'intensité émotionnelle des scènes. Chaque cadre semble conçu pour capturer la tension et l'inéluctabilité du destin des personnages, particulièrement dans les moments de confrontation ou de dénouement tragique.
Scénario et Personnages :
L'histoire suit Gino Strabliggi incarné par Alain Delon, un ancien truand qui tente de se réinsérer après sa libération, sous la tutelle bienveillante de Germain Cazeneuve incarné par Jean Gabin, un éducateur. Le film est un duel entre la rédemption et l'acharnement, incarné par l'inspecteur Goitreau (Michel Bouquet), qui refuse de croire en la réhabilitation de Gino et le pousse vers sa chute. Les dialogues sont ciselés, offrant des moments de vérité brute et de désespoir. Alain Delon livre une performance complexe, naviguant entre espoir et fatalité, tandis que Jean Gabin, dans un de ses derniers rôles, incarne une figure paternelle et humaniste avec une simplicité touchante.
Thèmes Profonds :
"Deux Hommes dans la Ville" est un cri contre la peine de mort et une critique acerbe du système judiciaire. Il pose des questions éternelles sur la rédemption, la justice, et la capacité de l'homme à changer. José Giovanni ne fait pas de son film un simple plaidoyer mais une dissection de l'âme humaine, montrant comment des forces extérieures peuvent détruire la volonté de se réformer. L'engagement social du réalisateur est palpable, faisant de ce film non seulement une tragédie mais aussi un témoignage du rapport de la de 1973 avec la peine de mort.
Musique et Atmosphère :
La partition de Philippe Sarde accompagne parfaitement le drame, ajoutant une couche de mélancolie et de tension qui rend chaque scène plus poignante. L'atmosphère du film est imprégnée d'un réalisme sombre, où chaque lieu, de la prison à la liberté conditionnelle, semble un piège ou une promesse brisée.
Considérations diverses :
Le film peut être vu comme manichéen dans sa représentation des forces de l'ordre et du système judiciaire. Pourtant, cette simplicité sert le propos du film : montrer la brutalité du système judiciaire et l'absurdité de la peine capitale. Il est certain que le film manque de nuances dans ses personnages secondaires, mais ce manque de nuance sert le propos du film et s'efface devant l'intensité du drame et la force des performances principales.
Conclusion :
"Deux Hommes dans la Ville" est une œuvre de cinéma qui, bien au-delà de son message abolitionniste, explore le cœur humain avec une comion et une rigueur rares. Il est un rappel poignant de l'importance de la rédemption, de la seconde chance, et de la cruauté d'une justice dépourvue de comion. Ce film est une œuvre essentielle pour quiconque s'intéresse à la question de la justice, de la réhabilitation, et à la puissance du cinéma pour susciter le débat et changer les perceptions.