Depuis que le cinéma de Klapsich bat de l'aile, beaucoup de jeunes réalisateurs racontent à leur tour l'intégration (parfois difficile) des jeunes dans la société et cette quête de l'utilité ou de la réussite. Michel Leclerc (Le nom des gens, Télé Gaucho), Kim Chapiron (La crème de la crème) et Nabil Ben Yadir (La Marche) sont les exemples les plus récents et les plus flagrants.
"Des lendemains qui chantent" est un pot (bien) pourri de toutes ces œuvres, et d'autres, qui ont plus ou moins fait perdurer l'héritage de l'auberge espagnole et autres tribulations Klapischienne.
De la même façon que Michel Leclerc, Nicolas Castro (aussi scénariste) place ses personnages et son histoire dans un cadre militant et gauchiste, on peut aussi penser au "péril jeune". Sans aucune originalité, le film se place immédiatement et précisément sur une frontière entre fiction et réalité avec une scène de vote déjà-vu, "Le nom des gens". Introduction qui fait partie des très rares moments amusants.
Le récit ne cesse de slalomer maladroitement entre réalisme et sensibilité. Certaines scènes sont la forme concrète de ce mélange. D'un point de vu technique c'est plutôt bien fichu, du reste c'est assez bancale. Les images d'archives sont intéressantes et intrigantes pour ceux qui les découvrent. Insérer des personnages dans l'histoire politique contemporaine et en faire des acteurs majeurs en omettant certains autres est présomptueux et file toute crédibilité. L'un sans l'autre ça se tient, l'un dans l'autre c'est déroutant et surtout futile.
"Des lendemains qui chantent" n'est donc finalement pas plus enrichissant qu'un documentaire ne l'aurait été, car les seuls moments d'émotions sont transmis par les images d'archives. Les personnages sont vides car constamment dans la caricature. Des destins trop tracés, trop liés et toujours excessivement opportunistes. Surfait dans l'écriture et pas vraiment sauvé par le jeu.
Pio Marmaï est bon dans la simplicité mais redondant de même que Lætitia Casta, Gaspard Proust est irritant et Dussollier blasant. Seul Ramzy sort un peu du lot avec un contre-emploi assez convaincant. Le rôle est assez intéressant et touchant mais, l'acteur en fait tout de même un peu de trop.
Avec un sujet, certes éculé mais toujours intéressant, "Des lendemains qui chantent" suit le mouvement et manifeste des idées sans en refléter le fond. La faute à une mise en forme foireuse. Cela tire quelques sourires, on rentre plutôt bien dans cette reconstitution très libre, mais on en ressort aussitôt.