Même si Park Chan-wook revient (un peu) aux bases de son cinéma, on le retrouve à son niveau habituel : la forme prime sur le fond, la machinerie est bien huilée, c’est beau, c’est inventif (dans sa première partie), il surprend.
Mais les qualités font aussi le défaut de son cinéma : à trop miser sur l’esbrouffe visuelle, à produire du papier glacé, il en oublie l’essentiel : la sensibilité humaine. Et c’est idiot dans un film focalisé sur une histoire d’Amour / de ion dévorante.
Ces personnages sont des simples pantins au service de sa vision satyrique. Des Playmobil sur un échiquier, qui ressemble davantage au jeu de dames, qu’à une belle partie d’échecs cérébrale.
La première partie séduit, à défaut de convaincre, avec une belle e d’armes entre accusée et flic séduit. Rien n’est dans la finesse, regards appuyés, faux-semblants étalés à la truelle – on s’amuse et on se moque de la candeur de l’enquêteur tout sauf objectif.
Arrive la seconde partie – largement dispensable, puisque tout est dit dans la première partie – mais soit. On en rajoute, on rééquilibre la balance ; mais c’est tout sauf convaincant et – surtout – beaucoup moins bien écrit et servi par une mise en scène machinale.
Et puis arrive l’ultime partie, qui se voudrait émotionnelle – mais du coup, plus rien ne marche : comment s’attacher soudainement à des pantins. Comment gober un dénouement qui se voudrait métaphorique – mais qui ne provoque que rire gras inculqué depuis le début. Impossible que la sauce prenne – et le château de cartes s’effondre, Park se retrouve piégé par ses propres ficelles.
DECISION TO LEAVE ressemble à un gâteau correct, que l’on avalerait avec plaisir, mais auquel on aurait rajouté des couches de crème pâtissière à l’américaine pour faire toujours plus impressionnant et qu’on aurait finalisé avec une bonne couche de crème chantilly totalement dispensable, qui rend le tout parfaitement indigeste. Alors, soit on se gave par pure gourmandise, se jurant de ne plus jamais recommencer avant la prochaine crise de gourmandise ; ou bien, on gratte la surface, faisant fi des grosses couches de gras sur le bord de l’assiette pour apprécier la partie centrale – en regrettant la part de déchet inutile à jeter.