Ce récit d’émancipation collisionne réalisme, onirisme et fantstique pour dépeindre un portrait de femme détonnant, original et subversif.
Aux confins de la campagne costaricienne, Clara (Wendy Chinchilla Araya) vit dans la ferme familiale avec ses nièces, sa sœur et sa mère. Cette dernière est persuadée que Clara est la réincarnation de la Sainte Vierge et exploite ses facultés de guérisseuse. L’irruption d’un nouvel employé de ferme (Daniel Castañeda Rincón) va éveiller des pulsions que Clara n’avait encore jamais connue.
Dès l’ouverture du film, les enjeux sont posés. On y voit Clara bloquée par une clôture invisible. Clara Sola va nous montrer comment une femme hypersensible va s’affranchir des nombreuses cages, visibles ou non, dans lesquelles elle est cloisonnée depuis près de 40 ans. Femme pas comme les autres, Clara a de la peine à communiquer avec ses congénères alors qu’elle perçoit et comprend toutes les fluctuations de son environnement, que ça soit des infimes secousses tectoniques, les angoisses de sa jument ou la formation des nuages. L’éveil de sa sexualité va lui permettre d’exploser toutes les conventions sociales et d’affirmer définitivement son lien avec la nature.
Le programme est ambitieux mais il est relevé haut-la-main par la réalisatrice Nathalie Álvarez Mesén. Elle convoque un cinéma social réaliste qu’elle collisionne avec des séquences impressionnistes beaucoup plus oniriques, flirtant avec le fantastique. Médium dans le récit, Clara devient également une intermédiaire permettant de faire dialoguer les genres cinématographiques. La réalisatrice construit habilement son récit sur des symboles forts, contrastant la nature et l’humain. Mais si le dispositif fonctionne si bien, c’est notamment par la faculté du film à mettre en scène le toucher, un sens ô combien important pour Clara. En tant que spectateur, on a vraiment l’impression de percevoir les ondulations du vent, les irritations du piment ou encore le poil dru du cheval. Ces ressentis physique sont exacerbé par la performance tout en corporalité de la danseuse Wendy Chinchilla Araya. Difficile donc de ne pas être emporté dans cette véritable odyssée libératoire qu’est Clara Sola.