Une apnée de rêve

Bonjour. (Attention spoiler)

Habituellement, je ne résume pas ce que j'ai vu. Hé bien, ici, encore moins, puisque j'ai renoncé à comprendre ; mais je ne vois pas d'autre moyen d'en parler que de partager au mieux, mais succintement, ce que j'ai vécu. Rassurons-nous, il restera amplement de quoi découvrir par soi-même.

Alors, voilà.

Hypnotique, soporifique, onirique, ...

Vu à trois reprises, en trois soirées : je me suis endormi les deux premières fois et j'ai lutté la troisième jusqu'au bout des 53mn annoncées. Or, je ne m'endors JAMAIS devant un écran.

C'est de l'animation pure et, graphiquement, d'un niveau d'excellence extraordinaire.

Les décors et leurs motifs, ainsi que les personnages hiératiques qui en font partie dans un style vaguement simili-égyptien sont traités dans une gamme de couleurs proprement onirique : mes propres rêves sont fréquemment dans ces tons bronze étamé.

L'animation, d'une fluidité proprement fascinante, se manifeste par le lent mouvement de tête des personnages, par des billes et des disques virevoltant en souplesse, sans à-coups ni erreur de perspective, avec un personnage central à l'allure de cosmonaute alpiniste à longues jambes, arpentant, un peu emprunté (le rêveur ?) un décor variable de tubulures blanches où il est ret par une boule blanche aux rebonds d'une élasticité impeccable dont ils jouent ensemble dans un style épuré rappelant par moments La Linéa... J'en laisse.

Tout ça est en permanence animé de mouvements lents, souples et fluides, comme jouant, dansant, volant souplement ensemble dans un décor variant entre ambiances antique, futuriste et industrielle.

On renonce vite à chercher un sens à ce spectacle à la musique très douce et très en harmonie avec un monde irréel qu'on intègre en s'y laissant porter si aisément qu'on est menacé de tomber dedans les yeux fermés.

Bref, on rêve éveillé pendant presque une heure de projection hors de soi, à lutter pour faire face éveillé à un monde quasi psychédélique, mais dans une netteté d'image et d'animation à la précision et à l'atmosphère chirurgicales.

Les surréalistes s'y retrouvent sûrement, voire battus dans leurs propres visions.

Hormis ceux pour dire "allez-y, il faut voir ça", les mots me manquent.

UN mot encore pourtant : c'est fabriqué en 1982 ! On n'imagine pas avec quels moyens ni par quelle somme de travail.

Bonne projection (j'ai trouvé ce DVD en médiathèque municipale).