Décrocher l'ironie du sort in extremis

C'est si peu souvent que les Américains se moquent ouvertement d'eux-mêmes qu'il serait dommage de jeter directement à la poubelle ce faux rebut de vidéoclub. C'est en tout cas ce qu'a voulu produire la troupe de joyeux drilles à la tête de cette parodie, sans réaliser qu'ils étaient plusieurs à déjà être sur la pente descendante : le désenchantement de Joe Dante ne sera pas la seule tare du décalage qu'ils cherchent à produire, sans jamais nous am autant qu'ils ont ri eux-mêmes de leurs idées.


Amazon Women on the Moon mérite sa place dans la pop culture pour son patchwork parfois rigolo entre la satire télévisuelle et sa rétrospective un peu cartoon sur la série Z des années 1950, mais surtout pour tous les moments où la surcouche d'humour est si précaire qu'elle manque de peu, à plusieurs reprises, faire du film un des navets que les cinéastes caricaturent. Le voir osciller est fascinant : tombera, tombera pas ?


Il y a donc un fort quelque chose d'un "cinéma de papa" à l'américaine inconscient de sa sénescence prématurée, mais le fin mot de l'histoire est moins négatif : en ridiculisant les productions les plus alimentaires et bien-pensantes des médias américains, le film a trouvé un bout de postérité aussi bien dans les salles, les bacs ou à la télévision - qui, ironiquement, l'a diffusé non sans couper ce qu'il avait de plus gênant et débridé, soit précisément ce dont il se moque. Le film se mouille donc assez pour subir le syndrome de l'ironie du sort, un bon point dans le genre.


Quantième Art

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le 25 mars 2021

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Eowyn Cwper

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