Ca faisait bien longtemps que je n'avais pas vu de huis-clos, et je suis bien contente d'avoir renoué avec le genre avec Carnage. Pourquoi?
Parce que le resserrement en un seul lieu et le nombre restreint de personnages (seulement 4 en scène) est suffisamment intelligent pour que la variété ne soit pas exclue du film : le scénario (sûrement dans la lignée de la pièce dont il est adapté) explore les différentes combinaisons possibles avec ces contraintes initiales.
C'est ainsi que la salle de bain devient le lieu des apartés et des confidences, alors que le salon est le lieu du conflit, de la crise. Car le genre du théâtre (très présent dans le film) se caractérise par l'affrontement. Et c'est là qu'on retrouve les personnages exploités de façon intelligente : les alliances, toujours précaires, se nouent et se dénouent, et ne sont pas toujours là où on les soupçonnerait. Et voilà que, de loin en loin, la discussion entre adultes New Yorkais bien éduqués dégénère.
Certains ont trouvé ce processus, disons-le, ce "carnage", peu réaliste. Au contraire, je trouve qu'on voit bien, dans le film, comme une dispute peut surgir là où on ne l'attend pas nécessairement, et surtout comment elle révèle des enjeux beaucoup plus profonds que le sujet initial : il n'y a qu'à voir la proportion des répliques véritablement consacrées aux gamins qui se sont bagarrés. Carnage a donc quelque chose de loufoque sans être invraisemblable - d'autant plus qu'on a pu se retrouver dans chacun des personnages et être exaspéré par chacun d'entre eux-, et nous montre surtout que le théâtre et le cinéma ne sont pas que des frères ennemis.