Mention : ...dans la supercherie
Ce nouvel Atom Egoyan s'annoncait comme captivant. Un thriller tout en suspens, sur les traces enneigées des Coen (Fargo) ou Denis Villeneuve (Prisoners). Les premiers pas mettent effectivement en marche une atmosphère absorbante. La mise en situation s'apparente presque à l'univers de David Lynch, Twin Peaks plus particulièrement.
Captives laisse d'abord une part de mystère intrigante. La promesse de se faire embarquer dans un récit fascinant dans une atmosphère singulière. Kevin Durand est méconnaissable en ravisseur glaçant, proche des grands fêlés qui nous ont ahuris dans les œuvres citées juste avant. L'enquête évolue sur trois pistes qui sont d'abord pas évidentes à démêler. Pour reprendre une image exposée par le film, les pièces de ce puzzle sont en fin de compte très vite données et décrivent la photographie finale.
C'est l'immense souci de Captives, le vide scénaristique. La construction non chronologique est plutôt bien ficelée. Ces ficelles justement tirées ne sont finalement jamais vraiment dénouées. L'assemblage des éléments est toujours trop évident. Le cheminement manque d'entrainement, trop peu d'éléments se dévoilent. Cette absence de rebondissements rend vite le thriller ennuyeux et anodin. La sobriété des codes du polar n'aurait pas été dérangeante s'il elle était au service des personnages et du fond de leur histoire, il n'en est rien.
Probablement trop nombreux, les rôles ne sont pas suffisamment approfondis. Leurs intentions et sentiments sont rarement convaincants. De fait aucun des personnages n'est vraiment saisissant. Les visages très communs des deux acteurs principaux n'arrangent rien. Seul le duo très ambigüe entre Cassandra et son kidnappeur est quelque peu intéressant. Le sociopathe est bien dérangeant. Encore une fois, Kevin Durand fait une bonne performance d'acteur caméléon. La jeune victime elle est étrangement manipulée, c'est troublant. Alexia Fast est pas sans faire penser à Alison Lohman, révélée par ce même Atom Egoyan (La vérité vue), puis complètement disparue du paysage cinéphile. La ressemblance entre le deux actrices est même flagrante.
En plus d'être insipide, le récit est souvent incohérent. C'est facile de trouver des discordances dans un thriller qui met en évidence des détails. Pour Captives, ces indices sont souvent des supercheries ou se contredisent. La façon dont les agents Dunlop (Rosario Dawson) et Jeffrey (Scoot Speedman) mènent l'enquête est assez incongrue. Des éléments és à l'as et d'autres curieusement soulignés. Cela alimente encore plus l'attente d'un retournement de situation d'une conclusion surprenante, en vain.
Embarrassé par trop de ficelles, le scénario de Captives s’effiloche. Le mystère se révèle être un leurre plus qu'autre chose. Un thriller monotone, plus divaguant que captivant.
Note : 9/ 20