Avant toute chose, établissons rapidement le contexte : cette critique, de base subjective, l'est encore plus car elle reflète la pensée d'un fan du groupe depuis de longues années, depuis un soir de Noël où le 45 tour de "I Want to Break Free" s'est retrouvé au pied du sapin de l'époque...
Retraçant le début du groupe jusqu'au fameux concert de 1985 pour "Live Aid", le biopic se devait d'apporter une certaine véracité aux images tournées, ce long-métrage ayant du être validé par les ayant-droits, Brian May et Roger Taylor (je nous vous ferai pas l'affront de vous dire qui ils sont).
Pourtant, il y a un nombre incalculable d'erreurs factuelles tout au long du film (date de sortie d'un titre, maladie de Freddie, quand il a viré son producteur, etc.). Alors, pourquoi une telle note pour un rendu final parfois éloigné de la réalité ? Parce que tout le reste du temps, on est plongés au coeur de l'esprit créatif de Mercury et ses acolytes.
Dès les premiers trailers, j'avais placé de fols espoirs dans l'interprétation de Rami Malek. Et il incarne à la perfection le showman. Chaque plan, chaque geste, chaque regard, tout transpire la justesse dans son jeu et s'il donne parfois l'impression de porter de bout en bout le film, c'est parce qu'il en a bel et bien la carrure et que les prix tombant ici et là ne sont pas usurpés. On en oublie l'acteur, et on se laisse bercer dans la direction où Malek veut nous emmener. Même la dentition proéminente ne choque pas plus de cinq minutes, le temps de nous habituer à voir l'acteur avec.
Le reste du casting est du même acabit et mérite lui aussi les éloges (avec une mention spéciale pour Mike Myers en producteur d'EMI bouclant ainsi la boucle ouverte avec Wayne's World).
Mais revenons au coeur du film, où les scènes de concert sont stupéfiantes, notamment celle du Live Aid, tout simplement phénoménale. La caméra nous emmène sur scène, en coulisses, dans le public, on en prend plein les yeux et surtout plein les oreilles. Sans aucun doute et logiquement le meilleur moment du film qui finit dans un point d'orgue saisissant.
Seuls bémols que l'on pourrait - à juste titre - reprocher à Bohemian Rhapsody, c'est que l'on a parfois l'impression d'assister à une oeuvre à laquelle on aurait appliqué un filtre "bisounours". Les déboires de Freddie avec ses addictions sont finalement reléguées au dernier rang. On voit ici une petite coupette de champagne, là un demi-cachet de Doliprane. La sexualité assez tourmentée est aussi aseptisée et compressés dans un montage sans palabre d'une durée de cinq minutes au maximum où on voit l'artiste entrer dans une boite pleine de moustachus en cuir. Bref, quitte à oeuvrer sur sa vie, et même si trop écorner l'image de l'artiste n'était pas dans la volonté des uns et des autres, on aurait aimé que le réalisateur Bryan Singer (officiellement du moins) gratte plus profondément là où ça pouvait faire mal.
À l'exception du processus créatif de la chanson dont le film tire son titre, on a aussi parfois l'impression que le génie artistique du groupe facilitait l'élaboration de chansons. Un claquement de doigt, une dispute ou un retard de Freddie et hop ! on se retrouve avec un hit en puissance.
Mais au-delà de ces éléments plus simplistes, il est évident que l'on e un excellent moment en se plongeant dans le film. Certes, si l'on n'est pas fan du groupe, on aura peut-être du mal à y voir une réalisation au top, mais pour les autres, ce n'est que du bonheur. Et des émotions. C'est finalement là qu'on s'y sent le mieux...