Bird Box arrive avec une espèce de facilité pour surfer sur la vague du "un de vos 5 sens caa votre perte". Ici, c'est la vue qui va se faire vecteur d'une menace...ben oui, invisible, parce que si tu la regardes, et ben tu meurs. Et donc si t'es mort, tu ne peux pas dire ce que tu as vu. Donc, en voilà une menace fantôme que Susanne Bier choisit assez intelligemment de ne jamais montrer. On y retrouve un petit air de Phénomènes de Shyamalan quand la nature, excédée, décidait de se débarrasser de son pire ennemi, couplé à une touche de Blindness de Meirelles pour le côté "ne rien voir".
Cela donne lieu à une scène particulièrement bien sentie (les capteurs de distance de la voiture) qui fait presque office d'exception dans un déroulement assez peu anxiogène, partagé entre é, début assez choc de cette "épidémie" et présent, "survie de nos derniers héros".
Pour ma part, ce jeu sur deux tableaux temporels est à double tranchants. D'un côté, il nous laisse immédiatement deviner l'ensemble des pertes à venir mais il nous donne aussi énormément d'indices quant aux règles de survie nécessaires pour que Malorie/Sandra Bullock intemporelle, et ses deux enfants s'en sortent. On ne le saura jamais mais Bird Box aurait peut être gagné à nous laisser dans un flou total en poussant pleinement le vice du voir, c'est mourir. L'esprit est foisonnant lorsqu'il n'est pas guidé et cette descente de rivière vers un Eden supposé n'aurait-elle pas gagné en intensité ?
Ainsi, pour un film supposé oppressant, on ne tremble que très peu.
De même, lorsqu'au final des choix terribles viennent s'imposer à cette femme qui n'est qu'une mère avec toute la dureté que lui impose son environnement (très bonne scène d'introduction avec le sermon dur pour survivre à ce qui les attend), on aurait préféré un autre traitement peut être plus sombre, pour finalement vraiment ressentir quelque chose face à ce film qui aurait pu se faire bien plus subtil.
Malheureusement, Susanne Bier choisit pour ma part la facilité en introduisant dans les flashbacks, des menaces dont on aurait pu se er. Et surtout, pour un film où la vue est une faiblesse mortelle, on se dit qu'il y a tellement d'autres choses qui auraient pu être exploitées, en tout cas bien plus tôt.
Bird Box se laisse regarder. Il ne révolutionne rien au genre en se contentant de piocher dans ce qui a déjà été fait pour tenter de l'intégrer à une histoire de survie et de parentalité détournée par une menace constante, un sujet bien mieux traité dans La Route (le livre) qui avait déjà eu du mal à être retranscris dans La Route (le film).
Comme dit le dicton :
Au royaume des aveugles, les fous sont rois... et les voyants sont morts.