Le Justicier masqué contre l’Homme d’acier. Des décennies que le cinéma ne savait pas comment aborder le duel des plus grands super-héros de DC comics & voilà, en 2016, que ça débarque enfin sur nos écrans.
D’une façon réellement bien pensée, le film ne débarque pas de nulle part. Il fait suite à la trilogie nolanienne sur Batman & à un come-back intéressant sur Superman. La séance d’introduction rejoue d’ailleurs la dernière scène de Man of steel, mais vu sous l’angle de Batman avec un Bruce Wayne tentant vainement de sauver un maximum de gens dans l’apocalypse de Metropolis. Cette séquence d’introduction est importante, car elle pose réellement le socle du film, qui se place à la croisée du torturé Man of steel & des sombres Batman de Nolan. A des années-lumière de l’ambiance jouissive & caca-prout d’un Deadpool.
Le tout servi par un casting de haute voltige. ons sur les seconds rôles tous très bons, mais ce ne sera pas étonnant en allant de Fishburne à Irons, pour nous concentrer sur le quatuor qui porte l’essentiel du film. Ben Affleck en tête, car c’est bien lui le point focal du film, faisant table-rase de son affligeant Daredevil, il campe ici un Batman sur le retour, amer, désabusé, envoyant voler tous ses propres codes d’honneur pour tenter de tuer le demi-dieu Superman. Face à lui, Henry Cavill est judicieusement en retrait, car le film porte plus sur les doutes de Clark Kent que sur la puissance de Superman, qu’on voit au final assez peu en combat. Gal Gadot complète la trinité de DC en campant une Wonder Woman clairement amazone, & ressuscite le personnage avec un talent certain & une présence des plus charmantes.
Le quatuor est bouclé avec le grand méchant du film, j’ai nommé l’innommable Lex Luthor. J’avoue être sur lui plus circonspect. Car le personnage est aussi raté qu’il est bien joué. Clairement, pour moi cette vision de Lex ne colle pas du tout, trop cabotin, trop fou furieux, trop loin du froid calculateur qu’il doit être. Pour autant, l’interprétation de Jesse Eisenberg, dans cette optique erronée, est totalement jouissive, dans les pas du Joker de feu Heath Ledger.
Malgré quelques légèretés, le scénario est un (très) gros cran au-dessus du blockbuster moyen, jouant sur l’ambiance torturée pour créer un affrontement qu’on sent inévitable entre les 2 super-héros. Dommage que leur duel s’arrête sur une véritable farce (spoil : quoi, nos mamans ont le même prénom, mais alors on va être copains & je ne tue pas…. Oui ce n’est pas une blague, c’est vraiment comme ça que Batman s’arrête & ne porte pas le coup de grâce…), c’est l’un des très gros points noirs du film & ça le dessert terriblement. Car le début de ce duel est une excellente scène de baston atomique. & que dire du combat prodigieux face au Doomsday (spoil again, sauf si vous êtes lecteurs de comics, & oui Superman va bien mourir….) dans lequel nos 3 prodigieux super-héros vont déployer tout leur arsenal. La fin, plus banale, ne manque cependant pas d’un côté poignant, & annonce un prochain Justice League qui sera sans nul doute tout aussi attendu que ne l’était ce Superman vs Batman.
Nous sommes donc face à un blockbuster, certes, mais aussi face à un film sombre, destiné à un public adulte & à des ados attardés, & franchement ça fait un bien fou, nonobstant les quelques (parfois grosses) erreurs qui le parsème.