Un homme intègre la patrie de la femme qu'il aime. Elle est la fille du chef, il devient donc chef à sa mort. Ancien militaire, il éduque ses garçons dans une rigueur martiale en ne leur accordant aucune tendresse. Heureusement, ses "baby girls" comme il les appelle, sont là pour adoucir son caractère. Sa femme, puisque même sur une planète imaginaire, la société repose sur un couple monogame, prendra en charge la tristesse, voire l'hystérie, qu'en père responsable il ne peut se permettre, puisqu'il doit "protéger". Infirmière à ses heures perdues, celle dont on ne prononcera quasiment pas le nom pendant 3h30 de film, a heureusement quelques scènes guerrières, histoire de rappeler son é avant sa maternité. L'intrigue reposant sur une haine tenace entre deux anciens militaires, un antagonisme qui transcende toute réalité économique, voire même logique, vous pourriez vous demander : sommes nous en train de voir un film sur la guerre de Sécession ? Non bien sûr, nous sommes bien dans un monde sorti de l'imaginaire d'un homme, Cameron, qui l'âge venant visiblement, a oublié qu'une planète, ce n'était pas seulement de jolis paysages mais un macrocosme dans son entier. Il s'ensuit donc un parallèle creux avec la Terre. Un gros poisson : imitons une baleine ! Un gros oiseau ? Imitons un ptérosaure ! Oh, une petite murène, un tigre... Oh une société aquatique, imitons des Polynésiens !
Sur une planète où tout le monde est relié, connecté en Ewa, où chacun est le tout, on sera rassuré de constater que la xénophobie est possible (aaaan ils ont des toutes petites queues les Navis de la forêt, moquons nous d'eux jusqu'au harcèlement mortel), de même que le nationalisme (quand on tue des baleines au loin c'est pas trop grave c'est pas chez nous), que chacun doit se montrer "utile" avant toute autre chose (et puis quoi, une membre d'un clan qui participerait pas à récolter la nourriture pour plutôt aller parler à Ewa ? Quelle freak !).
Bref, 3h30 perdues à constater que dans l'imaginaire de Cameron, les hommes sont taillés en V et violents, les femmes sont fines et geignardes, tout comme dans n'importe quel scénario sorti du XXe siècle. Que les enjeux politiques sont inexistants, sous la coupe de militaires à la vue aussi courte que leur coupe de cheveux en brosse. Si l'objectif était de magnifier la Nature, je n'y retrouve qu'une vision classique utilitariste de ce qui entoure les Navis (des animaux montures, des animaux pourvoyeurs d'oxygène, des animaux à manger...) en dépit de leur câble usb cheveux. Si l'objectif était de démontrer notre propre déconnexion, alors pas mieux, car faire reposer une attaque humaine sur un militaire fou sans contrôle ne fait en aucun cas réfléchir à notre propre manière de traiter notre environnement, tellement c'est irréaliste.
Oh cher Cameron, au fond ta véritable fiction, repose sur la très naïve idée que l'inventivité incroyable, magique de l'être humain, sa soif de découverte et d'ailleurs, ne peut s'incarner que dans un gros méchant macho armé jusqu'au dent, prêt à détruire par sa haine, la raison même de sa présence, si loin de son corps et de sa terre natale. Dommage...