Devos et Amalric forment un couple auquel on croit forcément. Les personnages qu'ils interprètent y croient moins. Entre petites chamailleries quotidiennes, incompréhensions anodines et crise de couple masquée, Pierre et Pomme transforment Arrête ou je continue en terrain de jeu(x).
La force du film repose sur ce duo magique. Emmanuelle Devos et Mathieu Amalric sont des comédiens sur le fil, des funambules, évoluant toujours en équilibre entre grotesque et gravité. L'écriture de Sophie Fillières dont c'est aussi la caractéristique, trouve alors dans le couple la chair de ses circonvolutions verbales. N'hésitant jamais à la tentation du burlesque ou de l'absurde, gardant le cap d'un récit de couple en crise, la cinéaste construit un film agréablement bavard [c'est possible], faussement léger, véritablement drôle et profondément mélancolique.
Mieux, Sophie Fillières change de route dans la deuxième partie, empruntant alors les chemins ombragés d'une fable poétique. Il faut alors voir Emmanuelle Devos parler aux lapins, rencontrer un jeune chamois, réussir à faire un feu...
On ne peut pas revenir sur les nombreux délices de dialogues finement ciselés et irablement joués. Plus présente que son compagnon de jeu, lui-même en constante insécurité, Emmanuelle Devos apporte au film toute la nuance de son jeu, la multitude de ses regards, la profondeur de ses silences.
Arrête ou je continue n'est pas un film inoubliable. C'est un plaisir simple et savoureux, une récréation salutaire, un petit théâtre de maux, marivaudage à l'envers servi par de merveilleux comédiens.