Larry Clark, l’homme aux électrochocs. Á chaque fois, il pousse les limites du genre, dont il est resté le maître à penser : Le film ado-adulte. Encore une histoire de jeunesse en perdition. Encore une rédemption impossible. Encore de la violence, encore. Autant mettre les choses au point tout de suite : Le titre, c’est une grosse blague. On est au paradis artificiel, drogué jusqu’aux yeux, et avec une odeur malsaine qui flotte autour. Bobbie, jeune con qui vit de rapine et petits larcins, fait une connerie plus grosse que lui et tue quelqu’un (par accident). Blessé, lui s’en sort, mais il est en piteux état. Avec sa copine, ils sont pris en charge par un couple de vieux voyous, Mel et Sid, (James Wood et Mélanie Griffith). Et c’est parti pour une virée sur la route du paradis. Et ça va aller de mal en pis, vu que c’est un film de Larry Clark. Le purgatoire au-delà du paradis.
La solidité narrative nous bouleverse autant que l’apparent chaos, et cette virée bordélique dans les bas fonds du sud profond. On sent bien que c’est perdu d’avance mais on espère, (en la jeunesse peut-être). Mais vu qu’on est chez Clark, l’innocence, ou la beauté seront vite sacrifiés et malmenés dans tous les sens. On accepte par principe, le challenge-paradoxal proposé : La rédemption par le crime. La pilule e, car l’art de la diversion est brillante ici. Dans cette ballade macabre, le plus important c’est les braquages minables, la musique, les rencontres? Ou le couple de vieux, qui adopte le couple de jeunes? Mel/Sid comme parents de substitution, feront t-ils grandir le couple d’ados paumés Bobbie/Rosie, ou va-t’il les entraîner en enfer ? Ces deux vieux « gamins » rebelles qui refusent de er définitivement à l’âge adulte, alors qu’ils ont déés la quarantaine, vont-ils grandir au des « enfants » ? Superbe lecture psychosociologique sous une apparence de thriller série B.
Larry nous assommé avec des clichés pour mieux les expurger de leur suc rance. Deux vieux drogués s’attachent à deux jeunes drogués. Une histoire sans fin, qui est finie bien avant même d’avoir commencée. Et ça rebondit sur autre chose : Braquage minable, (un plus un), langage ordurier, rebelles sans cause, puis conflit de génération, suspense en dégringolade, chaleur étouffante. Le seul moment de lumière, c’est quand Sid a un éclair de lucidité. Elle conseille à Mel de se débarrasser des gamins. On les abandonne sur la route, avec une partie du butin, et bye bye, chacun de son côté. Elle, elle a compris que c’était sans issue. Mais Mel est inflexible, con. Il a besoin des deux gamins, qu’il peut manipuler à sa guise. Et Bobbie qui est iratif comme un fan devant son idole, ou un fils prodigue, devant le père qu’il n’a jamais eut. Et il y a de quoi être iratif, Mel est plus que charismatique. Époustouflante prestation de James Wood, qui arrive aux portes de sa folie, et nous entraîne avec lui. Dealer mégalo, voyou de seconde zone, pervers. Les gamins sont piégés comme dans une toile d’araignée, et nous aussi. Scotché. Direction d’acteurs impec, Larry. Autant Mélanie Griffith, et son visage botoxé est idéale en junkie, autant Wood survole les débats.
C’est filmé à l’économie, chaque plan calculé pou aller à l’essentiel. Nécessité fait foi, aucun hasard ici. Autre moment de lumière dans cette boîte à ordures, et c’est la musique. Du pur Rythm and Blues, baby ! Un vrai bonheur. Musique noire pour white trash. On sent presque l’odeur de l’alcool, et la moiteur sur la piste de danse, et les tubes déjà entendus, ou qu’on va découvrir. Ils collent parfaitement à l’ambiance.
Et Mel veut faire un dernier coup. Le coup de trop. Avant de se retirer, juste le dernier pour la route. Bobbie qui a vu beaucoup de cadavres en peu de temps, prend peur, mais c’est trop tard ! Sexe, drogue, malaise... Mais il y a peut-être un espoir. Le fait même que Bobbie commence à avoir peur, prouve qu’il n’est pas si con, qu’il grandit un peu, (un tout petit peu). Mais comment s’en sortir ? Tiens, justement, Rosie est enceinte. Bonne nouvelle. En même temps c’est qu’une junkie, Rosie…trash !