Un peu d'air, de l'air, c'est juste une question de survie.
Hirokazu Kore-eda signe un très beau film scindé en deux. La première partie est axée sur la découverte du monde et de ses petits plaisirs, ses simples petits plaisirs, sur la nature, les petits riens que les gens négligent car ils sont bien trop occupés, égoïstes, et de toute manière l'humanité est assez méprisable. Méchante société individualiste, bouh vilaine... La deuxième est un peu moins réussie car elle ne nuance pas assez son propos, on tombe dans un film au manichéisme un peu trop prononcé. Le tout forme (non, ce n'est pas une charade) une avalanche de poésie et de redécouvertes que l'on ne souhaite pas partager mais garder pour soi. C'est un film intime en quelque sorte, une petite perle à protéger avant qu'un gros salaud ne s'en saisisse et l'envoie dans le canal.
Bae Doona, envoûtante, n'est finalement que la erelle entre l'émotion originelle du réalisateur et le cœur du spectateur qui est ici directement visé. Et je suis touché, une faiblesse face à tant de facilités mais je le suis. Touché par cette fable positivement doucereuse, cette musique qui participe pleinement au lyrisme du récit. Par cette grâce, aussi, celle de prendre un scénario fantaisiste, presque simpliste par son évolution et d'en faire une ode à la vie. Les plans lents (et parfois trèèès sirupeux) permettent au film de prendre tout son temps pour composer sa mélodie. Une mélodie aux petits oignons, bien croquante, bien gourmande, où les bouffées d'air sont comme des instants de bénédiction entre deux étouffements.
La note est ce qu'elle est, difficile de mettre un chiffre sur un tel étalage de sentiments mais ce film atteint mon cœur et c'est difficilement explicable. Air Doll me donne envie de plonger un peu plus dans la filmographie du cinéaste qui, par des moyens roublards mais très efficaces, arrive à ses fins.