Deux cousins juifs américains; très proches dans l'enfance et qui se sont perdus de vue plus tard, se retrouvent pour un voyage de mémoire d'une semaine en Pologne, en souvenir de leur grand mère décédée qui était rescapée des camps de la mort. L'un est rangé: bon job, femme et enfant. L'autre est considéré par le normé comme un loser hypersensible qui n'arrive pas à se fondre dans le moule, qui dit ce qu'il pense quand ça lui chante, bref... il le gêne énormément dans ses comportements. Un real pain "in the ass". Et pourtant il l'aime, il est touchant et décomplexé. D'ailleurs tout le monde l'aime dans le groupe car il aime provoquer la discussion dans ce groupe hétéroclite de touristes juifs comprenant un guide novice mais sympa, un couple lunaire dont on se demande ce qu'il fait là, une femme à la recherche d'elle même et un rouandais qui a connu les massacres de son pays avant de trouver la sérénité dans le judaïsme.
Un voyage en Pologne n'est pas sans secouer. Les villes de Varsovie et Lublin sont magnifiquement utilisées. Derrière la beauté moderne de ces villes polonaises, on retrouve le contraste des camps de concentration épurés mais où l'imagination recréé l'horreur, la beauté des cimetières juifs, l'absence de ces mêmes juifs et de leur culture dans cette Pologne moderne, l'absence de la souf de la Shoa dans ce pays des origines, aseptisé aujourd'hui.
Elle est aussi là la vraie douleur (a real pain), celle de l'anéantissement de milliers de personnes dans leur propre pays dans lequel il ne reste que leur souvenir (ou presque). Ou le luxe d'aujourd'hui recouvre la souf d'hier (le train), Ou le tourisme écrase le respect (le cimetière).
La mise en scène de Jesse Eisenberg sort des sentiers battus, tout en finesse, sans forcer sur le judaisme, pour traiter des thématiques qui ne s’apprêtent pas à une comédie : le deuil, la dépression et une réflexion sur la souf. Le mélange entre le rire et le sérieux est subtil.
Ce film a été un vrai choc pour moi, peut-être parceque je suis allée en Pologne, que j'ai visité un camp de concentration, des cimetières juifs où que j'essaie toujours de voyager en intégration. J'ai vu moins de juifs et de culture juive en Pologne que partout ailleurs dans le monde. J'ai eu du mal à trouver des lieux représentant la culture juive (restaurant par ex, musique klezmer traditionnelle), et pourtant j'étais accompagnée de polonais.
Ce cousin hypersensible que l'on porte en nous, remonte à la surface. Qui n'a jamais eu envie de casser les codes, de dire la vérité même si elle dérange, elle est aussi là la vraie douleur, celle de ne pas pouvoir être soi dans cette société moderne policée. La morale de l'histoire serait elle que l'on se trompe de vie à vouloir rentrer dans le moule ?