En eaux troubles

Avancer que le cinéma de Luca Guadagnino est déstabilisant est un euphémisme, tant il apparaîtra tout à tour comme le summum du vide ostentatoire ou un modèle de raffinement esthétique en fonction des sensibilités. A bigger splash entreprend de revisiter le film culte de Jacques Deray en le parant d'une atmosphère étrange, pourtant plus surannée qu'actuelle dans ses représentations graphiques.

Le cinéaste opère à grands coups de symbolisme visuel : les éléments naturels et la météo, dans la grande tradition du mélodrame à la Douglas Sirk, se font échos des élans ionnels ou morbides qui animent les personnages. Comme ce fut le cas pour Amore ou Suspiria, l'on pourra donc rejeter en bloc ou se plonger (oui c'était facile) corps et âme dans ce genre de proposition, auquel il est opportun de concéder à minima une soif d'expérimentation unique mêlant tradition et modernité.

La sauce a plus de chance de prendre ici par la grâce du casting, qui n'est comme pour Challengers pas réduit à son statut de surface de projection de tous les désirs. S'ils sont beaux et magnétiques, Swinton, Schoenaerts, Johnson et surtout Fiennes sont habités d'une forte charge mélancolique et torturée qui pourra, de manière surprenante, finir par émouvoir lors des séquences finales.