Absence de valeur

Avec Valeurs Familiales, Miller nous ramène une nouvelle fois dans le monde poisseux de Sin City mais clairement pas pour sa meilleure histoire, loin de là.
Miller peut-il faire du non-Sin City avec un titre signé Sin City ? Hum, et bien ce tome prouve que oui. Car toute la beauté de Sin City n'existe plus dans cet ouvrage.

Il faut dire que nous faisons dans le rapide, pas de découpage en chapitre et clairement moins de pages que dans les tomes précédents. L'histoire se centre sur Dwight (après Le Grand Carnage) qui doit aider les filles dans une obscure affaire de fusillade de mafieux. La mortelle petit Miho est présente tout le long pour veiller sur lui et l'aider dans son obscure quête.
Si l'histoire, ultra-simpliste, reste bien amené, on regrette largement le fait que Miller se soit fait plaisir au détriment de son œuvre. Car, c'est bien simple, on ne retrouve rien de Sin City.

La poésie graphique s'est envolé et le jeu sur les lumières est totalement absent. Pas d'angle recherché, pas de cadrage magnifique, pas de poésie visuelle incroyable. Miller tente même du crayonné ce qui donne un effet, sans être mauvais, très moyen. On a perdu la patte visuelle de Sin City et c'est déjà incroyablement grave.
La poésie d'écriture n'est pas là non plus. Dwight peine à convaincre alors qu'on le connait bien, mais son retour, gratuit, n'a guère de sens pour le lecteur. Seule la scène avec la vieille prostituée donne un peu de charme à la BD qui clairement en manque.

Car cette BD se veut être du combat pur, des flingues, des étoiles ninjas, des sabres. Miho, la mortelle petite Miho tue tout le monde, armée jusqu'au dent (sans aucun endroit pour ranger ses armes, fuck la cohérence!) et équipée de roller en hiver (je me suis cru dans Scott Pilgrim), elle est l'héroïne du récit. Mais à force de la montrer sans cesse, on voit que Miller a simplement voulu se faire plaisir, détruisant, de ce fait, toute forme de logique interne.
On comprend mal comment Miho aurait pu avoir été sauvé par Dwight il y a quelques années (comme raconté dans J'ai Tué pour Elle). On comprend mal comment Miho peut être à ce point dangereuse. Mais surtout, toute la force et beauté mystérieuse du personnage, comme cela avait été développé jusque là, tout cela est envolé par la présence d'énorme projecteur qui montre une Miho qui n'a désormais guère d'intérêt pour le lecteur.

Ajoutons aussi que la spécialité de Sin City : les entremêlements d'histoires sont, bien entendu, totalement absent. On a tout de perdu en sommes. Pas de narration spécial, un scénario juste moyen, un graphisme qui a perdu son charme, comme les personnages de Dwight et Miho. Du sang pour du sang et rien d’intéressant. Le récit reste distractif mais on est vraiment loin de ce qu'est Sin City.
Regrettable quand on voit la puissance incroyable du quatrième tome.
On ne peut espérer plus qu'une chose : c'est que jamais Miller ne fasse autant de mal à Sin City qu'avec Valeurs Familiales.
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le 15 mars 2015

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mavhoc

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