Quel curieux album que voilà. C’est le seul Tintin que je n’avais jamais lu bien que connaissant son existence dans une édition noir et blanc mais qui ne m’a jamais tenté. Il aura donc fallu attendre une réédition en couleurs qui procure une belle lisibilité et modernité pour que je m’y intéresse et c’est avec un regard neuf, sans m’attendre à quoi que ce soit que j’ai découvert cette histoire. Mais que cet album est burlesque au possible, on dirait qu’il a été réalisé sous acides tant les situations sont loufoques avec des gags complètement fous et irréalistes présents à quasi toutes les deux pages. Le surréalisme "à la belge" sans aucun doute. J'avais aussi parfois l’impression de lire une caricature, une parodie de tout l’univers Tintin car rien n’arrête le petit reporter, il sait tout faire (construire des véhicules avec quelques bricoles, piloter un avion, conduire un side-car, un bateau…la liste de ces folies est longue…) et échappe à tous les pires dangers sans une égratignure et toujours en pleine forme. Même envoyer un ours au tapis, c’est une récréation pour lui. Bref, c’est fun, ça donne le sourire, je comprend que rien ne doit être pris au sérieux et je « sens » que c’est assumé de la part d’Hergé. J’avais commencé à lire furtivement les premières pages en pensant remettre la lecture à plus tard (vu l’heure tardive), mais c’est tellement rythmé et cocasse (Milou est fort drôle) que j’ai fini par er une partie de la nuit à dévorer d’une traite ces 137 pages qui nous plongent tout droit en enfance avec nostalgie. La fin lorsque Tintin est attendu par une foule en liesse à la gare du nord de Bruxelles, apporte une certaine émotion et poésie car on ne peut s’empêcher de penser aux 23 prochaines aventures qui nous attendent et enfin, qui aurait pu se douter à l’issue de cet album que Tintin allait devenir un personnage aussi légendaire, connu dans le monde entier…Surtout pas Hergé qui n’avait alors que 21 ans.